"S'il n'y avait pas l'épée de Damoclès du fair-play financier, les choses ne seraient pas anodines, certes, mais il n'y aurait pas forcément péril dans la demeure...", explique à l'AFP Jean-Pascal Gayant, économiste du sport, qui rappelle que le Chelsea de Roman Abramovitch a mis neuf ans pour remporter la C1 malgré les centaines de millions dépensés.
Pour rappel, le fair-play financier stipule qu'un club ne doit dépenser plus qu'il ne gagne, même s'il est adossé à un actionnaire richissime. A Paris il n'y a déjà plus le temps de gamberger, le compte à rebours est enclenché: d'ici le 30 juin, le PSG doit trouver une cinquantaine de millions d'euros pour échapper à une sanction de l'UEFA. Et l'élimination sans gloire dès le stade des 8es de finale de la C1 complique sérieusement sa stratégie de croissance...
De là à dire que les 400 millions d'euros investis cet été pour recruter la superstar Neymar et le prodige français Kylian Mbappé n'ont servi à rien ? "Économiquement c'est un manque à gagner, ce n'est pas une perte", nuance auprès de l'AFP Vincent Chaudel, expert de l'économie du sport pour le cabinet Wavestone.
"Au niveau des recettes billetterie, il est faible", estime-t-il. "Si on veut comparer le différentiel entre une élimination en huitièmes et une trajectoire jusqu'en finale, ça peut se quantifier autour de 5 millions d'euros".
Perte de 'crédibilité' vis-à-vis des sponsors
En revanche concernant les revenus droits TV potentiels de la Ligue des champions, M. Chaudel évalue le manque à gagner "entre 20 et 50 millions d'euros". Etant donné que l'UEFA verse 6,5 millions aux quart-de-finaliste et 7,5 millions d'euros pour les demi-finalistes, sans compter le montant variable sur la part de marché télévisuel du pays d'origine.
Au-delà de cette perte de revenus à court-terme, c'est surtout l'attractivité du club qui est écornée, notamment vis-à-vis des sponsors censés "booster" ses revenus commerciaux.
"Paris a perdu un peu plus qu'un match, il a perdu de la crédibilité dans son projet de construction de grande franchise de football", souligne M. Gayant. "Le club va un peu disparaître des radars internationaux, que cela soit en Chine, en Inde ou aux Etats-Unis, jusqu'à la Coupe du monde et même après. Avec ce manque de visibilité internationale, il y aura moins de chance qu'un sponsor s'engage avec Paris."
Pourtant, le supposé "cercle vertueux" qui s'était enclenché au lendemain de l'arrivée spectaculaire de Neymar et de Mbappé semblait propice à la signature d'un "big deal" avec l'équipementier Nike ou le sponsor-maillot Fly Emirates. Mais les discussions semblent traîner en longueur et le PSG voit désormais son "pouvoir de négociation" en "mauvaise situation".
"Ce n'est pas la meilleure fenêtre de tir effectivement", confirme M. Chaudel. "Aujourd'hui un gros contrat sponsor-maillot d'un club du Top 10 européen se négocie entre 50 et 100 M EUR. Aujourd'hui le PSG est à 25 M EUR, donc naturellement il vaut au moins 50 M EUR. Mais il n'y a pas de cote +argus+ du sponsoring."
Obligation de vendre au mercato ?
En cas d'échec dans sa quête de nouveaux partenaires, ou d'approfondissement des liens avec ceux existants, la solution restante pour dégager rapidement du cash est simple: la vente de joueurs dès le prochain mercato.
"S'il n'y avait pas eu d'élimination, il n'y avait pas besoin de vendre", souligne Vincent Chaudel, qui pense toutefois que le PSG peut espérer refaire une opération à la Lucas (transfert à Tottenham cet hiver pour 28 M EUR) au vu de la valeur de son effectif, estimé à 756,5 M EUR par le site spécialisé Transfermarkt.
"30 millions d'euros, c'est quasiment le prix d'un joueur standard en Angleterre désormais", ajoute-t-il.
Reste que certains joueurs parisiens ont vu leur cote s'éroder avec ce nouvel accroc européen, à l'image de Marco Verratti, exclu pour avoir perdu ses nerfs devant l'arbitre... sans parler de ses coéquipiers (Pastore, Thiago Silva) aux salaires prohibitifs.
"Et s'ils veulent conserver une compétitivité suffisante pour l'année prochaine, il ne faut pas se séparer de ses meilleurs joueurs", Neymar en tête, renchérit M. Gayant. Le casse-tête ne fait que commencer !
A LIRE AUSSI.
Le fair-play financier, principal adversaire du PSG ?
Un mercato à l'accent français qui restera dans l'histoire
Ligue des champions: sans Neymar, le PSG qatari en péril?
PSG: Mbappé, un grand talent, le fair-play financier, à peine un sujet
Neymar: pari financier risqué mais à terme "bankable" pour le PSG ?
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.