Le gouvernement veut faire adopter avant l'été sa réforme de la SNCF qui prévoit en particulier que les nouvelles recrues n'auront plus le statut de cheminot, au grand dam des syndicats qui décideront le 15 mars d'une éventuelle grève.
Aux commandes de la SNCF depuis dix ans, M. Pepy a voulu donner des gages à ses troupes et "rappeler quelques vérités", alors que les cheminots sont volontiers décrits comme des nantis, notamment sur les réseaux sociaux.
En parallèle, il a plaidé pour la fin du statut pour les nouveaux embauchés, qui donnera, selon lui, plus de souplesse à la SNCF et à ses salariés face à la concurrence.
"Je voudrais pousser un coup de gueule. En ce moment, on est vraiment dans une période de SNCF-bashing et de cheminots-bashing (dénigrement systématique, ndlr), et j'en ai assez. Je trouve que c'est nul et que c'est inutile", a-t-il lancé sur Europe 1.
"Dire des cheminots qu'ils sont des privilégiés c'est non seulement une énorme bêtise, mais c'est être aussi profondément injuste envers eux et le service qu'ils rendent chaque jour à la collectivité", a-t-il écrit dans Le Monde.
"Non, il n'existe pas de prime de charbon à la SNCF. Non, les cheminots ne disposent pas de 28 jours de RTT. Non, les cheminots ne travaillent pas 32 heures par semaine."
"Ce qui existe, en revanche", a-t-il souligné, "ce sont des salariés engagés pour le service des clients. Combatifs lorsqu'il faut faire gagner leur entreprise. Et qui ont en commun un sens profond du service public."
Rigidité
Le président du conseil de surveillance du groupe SNCF et PDG de sa composante Mobilité voit dans le bing-bang ferroviaire que prépare le gouvernement "l'occasion de renouer avec les Françaises et les Français".
"Dans la concurrence, la SNCF ne peut pas être la seule entreprise à embaucher au statut" de cheminot, a relevé Guillaume Pepy sur Europe 1.
Les futurs embauchés "vivront dans un monde plus mobile où ils auront la possibilité d'exercer plusieurs métiers au cours de leur carrière. Ils évolueront sur un marché de l'emploi qui se constituera demain avec l'arrivée de nouvelles entreprises ferroviaires, où s'arracheront les compétences", a-t-il affirmé.
Devant les menaces des syndicats, qui décideront le 15 mars d'une éventuelle grève, le patron de la SNCF a répété que "personne n'a intérêt à une grève", alors que la fréquentation des trains est repartie à la hausse.
"J'entends comme tout le monde les syndicats, ils reflètent les inquiétudes du personnel, mais la discussion au fond les intéresse. (...) Le sujet, c'est qu'il y a deux mois de négociations autour de la ministre (des Transports Elisabeth Borne). Et ces deux mois, chacun doit les utiliser à plein."
"Il y a vraiment du grain à moudre", a estimé Guillaume Pepy. L'idée de la concertation qui démarre avec le gouvernement est notamment, selon lui, de redéfinir "le pacte social de demain".
"Tout doit tourner autour de l'investissement sur les compétences des gens", a-t-il en particulier relevé.
"Aujourd'hui, il s'agit de réformer la SNCF parce que le monde change et que la SNCF doit changer", a-t-il martelé sur Europe 1.
Concernant son propre avenir, "j'ai un mandat jusqu'en 2020", a rappelé M. Pepy, qui est depuis février 2018 aux commandes de la SNCF --une entreprise où il a fait l'essentiel de sa carrière.
"J'ai dit que comme mes prédécesseurs, comme Louis Gallois, comme Jacques Fournier, qui ont fait deux mandats, (...) je pense que ne solliciterai pas un troisième mandat parce que, après une dizaine d'années à la SNCF, je pense que c'est bien qu'il y ait un oeil neuf."
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