La semaine dernière, le magazine français Challenges a avancé le chiffre de 3.600 postes déplacés ou supprimés chez l'avionneur européen, un chiffre qui n'a pas été confirmé par sa direction, qui a déploré "des fuites dans les médias".
"On est proche de ce chiffre", dit-on toutefois de source syndicale dans le groupe, sous couvert d'anonymat.
Avec quelles conséquences? "Le redéploiement ne va pas se traduire nécessairement par des suppressions de postes", dit-on dans l'entourage de la direction, qui cite parmi les solutions possibles la mobilité interne, des départs à la retraite, des non-reconductions de CDD notamment.
"Nous avons des grands programmes, civils et militaires qui ont des cycles de vie, et de fait, nous sommes amenés en permanence à monter ou baisser les effectifs sur ces programmes en fonction des évolutions", a déclaré mercredi le chef de l'aviation commerciale d'Airbus Guillaume Faury devant la Commission de la défense nationale et des forces armées.
"A court terme, ça veut dire des baisses de charge", à savoir des creux d'activité, a-t-il précisé. Il est en revanche resté flou sur l'impact en termes d'effectifs.
"Ces baisses de charge sont significatives et les chiffres cités dans la presse sont corrects, simplement c'est de la baisse de charge, ce n'est pas de la baisse d'effectifs", a-t-il ajouté.
Airbus, dont le siège mondial est à Toulouse, emploie quelque 133.000 personnes dans le monde.
"On aura le détail sur les postes impactés mercredi", dit-on chez les syndicats, selon lesquels ce sont les sites espagnols, allemands et britanniques qui risquent d'être le plus sur la sellette.
'sites français moins affectés'
Les sites français seraient moins affectés, selon les entourages des syndicats et de la direction, grâce à la mobilité et la possibilité de muter des salariés travaillant sur un programme en perte de vitesse, comme l'A380, vers un programme suivant à l'inverse une courbe ascendante, comme l'A350.
Un moment menacé, faute de ventes, le programme de l'A380 s'est trouvé pérennisé grâce à une récente commande d'Emirates, de 20 appareils, avec 16 avions supplémentaires en option.
Mais si douze exemplaires doivent être livrés cette année, seuls huit appareils devraient l'être en 2019. Et la cadence pourrait être ramenée à six appareils par an à partir de 2020.
"De quoi nous donner dix ans de production et le temps peut-être décrocher de nouvelles commandes", dit-on chez Airbus à Toulouse, où l'avion, qui a du mal à s'imposer sur le marché des gros porteurs, est assemblé.
Quant à l'A400M, l'avion de transport militaire qui a accumulé les retards et les surcoûts depuis son lancement, et largement pesé sur les comptes 2017 de l'avionneur européen, il devrait être produit à hauteur de 15 exemplaires cette année --contre 19 en 2017-- et 11 en 2019.
L'avion a accumulé les retards et les surcoûts depuis son lancement, occasionnant 8,5 milliards d'euros de surcoûts au total.
La baisse de la production à hauteur de 8 appareils par an à partir de 2020, jusqu'alors envisagée, devrait être confirmée mercredi. De quoi là encore, selon Airbus, prolonger le programme et augmenter ses chances à l'export.
Mais cette réduction de la cadence pourrait avoir des conséquences sur le site espagnol de Séville, où est assemblé l'A400M, selon l'entourage de syndicats.
L'inquiétude est aussi palpable en Allemagne, où un porte-parole du ministère de l'Economie, interrogé sur les rumeurs de suppressions de postes, a appelé lundi Airbus à prendre des décisions "responsables". "Airbus s'engage à gérer toute implication sociale de manière responsable", a fait valoir le groupe dans un communiqué.
Airbus a presque triplé son bénéfice net en 2017 et, selon la direction, la valeur totale du carnet de commandes s'élevait à 997 milliards d'euros contre 1.060 milliards fin 2016.
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