Le maire LR de Levallois-Perret, 69 ans, et son épouse Isabelle, 70 ans, ont été renvoyés le 22 février en correctionnelle dans le cadre d'une information judiciaire ouverte en 2015 à la suite d'une plainte de l'administration fiscale, a-t-on appris de sources proches du dossier.
Sollicités par l'AFP, Isabelle Balkany n'a pas souhaité faire de commentaires et l'avocat du couple, Grégoire Lafarge, a indiqué "réserver ses observations au tribunal".
Les juges d'instruction soupçonnent l'édile et son épouse d'avoir omis de déclarer au fisc plusieurs millions d'euros en dissimulant ou en sous-évaluant une partie de leur patrimoine.
Ils auraient notamment eu recours à des montages sophistiqués pour dissimuler deux villas.
D'abord, une propriété, "Pamplemousse", à Saint-Martin acquise via une société du Liechtenstein, Real Estate French West Indies, dont l'ayant-droit réel serait Isabelle Balkany. Cette dernière a reconnu être propriétaire de cette villa, indiquant l'avoir obtenue via un héritage familial, ce dont doute la justice. La justice a saisi ce bien en 2015 et a autorisé sa vente, en saisissant ensuite le montant.
Un riad à Marrakech a de son côté été acquis en 2010 pour plus de 5,8 millions d'euros par une société civile immobilière marocaine, acquisition financée par deux sociétés panaméennes. La justice soupçonne le couple de s'être dissimulé derrière ces structures, en utilisant comme prête-nom l'un de leurs proches, Jean-Pierre Aubry, ex-directeur général de la société d'économie mixte d'aménagement de Levallois-Perret.
Les époux ont toujours nié être propriétaires du riad, également saisi par la justice, assurant ne s'y être rendus que comme invités de son locataire, leur fils Alexandre.
Mais leurs fréquents séjours marocains ainsi que les importantes dépenses d'ameublement et de décoration effectuées par Isabelle Balkany alimentent les soupçons.
"espèces dans les poches de son peignoir"
Le couple est aussi soupçonné d'avoir sous-évalué le luxueux moulin où il résidait à Giverny (Normandie) et d'avoir dissimulé une partie de ses revenus. Les enquêteurs ont ainsi relevé sur la période 2010, 2011, 2012, que "le montant global des dépenses du couple dépasse le montant de leurs revenus", s'attardant sur les fréquents paiements en espèces.
Certains employés de la résidence de Giverny étaient parfois rémunérés en liquide. Une ancienne salariée a relaté avoir retrouvé 8.000 euros sur le bureau du maire. "C'était son argent de poche. Il avait même régulièrement des espèces dans les poches de son peignoir", a-t-elle raconté.
Le couple payait aussi en liquide les 4 à 5.000 euros mensuels du pressing, et une agence de voyages a perçu, de 2010 à 2013, plus de 87.000 euros...
Une autre procédure, ouverte en 2013 pour blanchiment et élargie par la suite à des faits de corruption, est toujours en cours.
Dans cette information judiciaire, le parquet national financier (PNF) a requis en juillet 2017 le renvoi du couple et de l'un de leurs enfants, Alexandre, pour blanchiment de fraude fiscale aggravée. Mais, depuis, de nouvelles pièces ont été versées à la procédure, obligeant les juges d'instruction à rouvrir leur enquête.
Le dossier a été clos une seconde fois, le 5 mars, a appris l'AFP de source proche de l'enquête. Le PNF va, après avoir respecté un délai de quatre mois durant lequel les parties pourront faire des observations, rendre un nouveau réquisitoire avant un éventuel renvoi du couple en procès dans ce volet de l'affaire.
"La justice pourrait décider de joindre les deux enquêtes qui sont extrêmement liées et un seul procès aurait alors donc lieu", d'après cette source.
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