Aucune décision concrète ne devrait être annoncée tant que le président américain n'a pas confirmé ses intentions mais l'UE, tout en espérant encore éviter l'escalade vers une guerre commerciale, entend montrer qu'elle est prête.
"Nous devons d'abord voir la décision finale", qui pourrait "intervenir cette semaine", a déclaré lundi à la BBC la commissaire européenne au Commerce, Cecilia Malmström.
"Mais bien sûr, on se prépare, car tout cela est dans l'air depuis un certain temps", a ajouté la Suédoise, chargée de présenter la stratégie de l'UE mercredi.
Le président Trump a annoncé la semaine passée qu'il comptait imposer des droits de douane de 25% sur l'acier et de 10% sur l'aluminium sans donner plus de détails sur les pays concernés.
Et il a réaffirmé mardi ses intentions, accusant même l'Union européenne de n'avoir "pas bien traité les Etats-Unis" en matière commerciale.
Toutefois, la politique protectionniste du magnat de l'immobilier, et sa volonté de taxer les importations d'acier et d'aluminium, ont poussé son principal conseiller économique, Gary Cohn, à claquer mardi la porte de la Maison Blanche.
A Bruxelles, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker a assuré que l'UE était prête à "réagir fermement et proportionnellement".
Les Européens exportent environ 5 milliards d'euros d'acier et 1 milliard d'euro d'aluminium chaque année vers les Etats-Unis. Les mesures américaines, jugées protectionnistes par l'UE, pourraient leur porter préjudice à hauteur de 2,8 milliards d'euros, selon les calculs de la Commission.
Tout en compliquant l'accès au marché américain pour les sidérurgistes européens, les taxes de Donald Trump pourraient aussi détourner vers l'Europe la production étrangère qui ne trouverait plus de débouchés aux Etats-Unis.
La première disposition envisagée par Bruxelles consiste à prendre des mesures dites "de rééquilibrage" afin de compenser en valeur le dommage subi, en accord selon elle avec les règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).
Maximiser l'impact politique
Il s'agirait, concrètement, de taxer certains produits américains spécifiques pour envoyer un message politique à Donald Trump, par exemple en visant des entreprises dans les Etats qui lui sont le plus favorables. Cette première réponse mettrait environ trois mois à devenir effective.
L'idée de Bruxelles est de maximiser l'impact politique aux Etats-Unis de ces mesures de rétorsion, tout en minimisant ses effets sur les consommateurs européens.
Jean-Claude Juncker --qui a rencontré mardi Lakshmi Mittal, le PDG du géant de l'acier ArcelorMittal-- a précisé que des entreprises comme Harley-Davidson et Levi's, ainsi que le bourbon américain seraient visés.
Dans les faits, la liste de produits sur laquelle travaille l'UE ne mentionne pas d'entreprises. Elle vise un tiers de produits en acier, un tiers de produits agricoles et un tiers de produits divers en utilisant une nomenclature douanière plus générale --type "pantalons, de travail, de coton, pour hommes".
Discutée avec les Etats membres, la liste devait être présentée mercredi matin au Collège des commissaires européens.
"On ne peut cependant pas prendre de décision définitive sur cette liste tant que les Etats-Unis n'ont encore rien annoncé d'officiel", insiste une source européenne.
Outre les mesures de rétorsion, l'UE pourrait également mettre en place en quelques semaines des mesures dites de "sauvegarde" pour protéger son industrie.
Cela consisterait à restreindre temporairement les importations européennes d'acier et d'aluminium pour préserver les deux branches concernées des flux étrangers, comme l'autorise l'OMC.
Enfin, Bruxelles devrait déposer si besoin, peut-être avec les autres pays concernés --y compris la Chine, premier producteur mondial et régulièrement accusée de subventionner sa production-- une plainte commune devant l'OMC, une procédure qui prend généralement deux ans.
"Ils peuvent faire ce qu'ils veulent mais, s'ils le font, on mettra alors une grosse taxe de 25% sur leurs voitures et, croyez-moi, ils ne continueront pas à le faire très longtemps", a rétorqué M. Trump mardi quand un journaliste l'interrogeait sur les potentielles mesures européennes.
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