Les bureaux de vote ont ouvert à 07H00 (GMT et locales) et doivent fermer à 18H00 dans ce petit pays pauvre d'Afrique de l'Ouest pour des scrutins à la fois présidentiel, législatif et communal où plus de 3,1 millions d'inscrits sont appelés aux urnes.
De premiers résultats partiels sont attendus dans les 48 heures et les résultats complets dans un délai maximum de deux semaines.
A Aberdeen, un faubourg de la capitale Freetown, des dizaines de personnes ont fait la queue dès 03H00 du matin devant un bureau de vote installé dans un bâtiment en construction.
"Je vais panacher mon vote. L'APC (le parti au pouvoir) pour la présidentielle et le SLPP (opposition) pour les législatives", a déclaré à l'AFP Harolda Forbes, une électrice de 27 ans sans emploi.
"Tout ce passe bien, je n'ai pas entendu parler de problèmes", constatait Tejan Sia, un officier de police.
En dépit d'incidents isolés, les observateurs ont salué une campagne globalement apaisée dans un pays qui a connu de 1991 à 2002 une guerre civile qui a fait quelque 120.000 morts et des centaines de milliers de réfugiés et déplacés.
Le président de la Commission électorale nationale (NEC) Mohamed Conteh a assuré mardi que le vote serait "crédible", bien que la question de la corruption, endémique en Sierra Leone, ait dominé la campagne, les deux principaux candidats s'accusant de malversations.
La Chine est par ailleurs soupçonnée d'avoir pesé sur le résultat final en finançant des projets phares du président sortant Ernest Bai Koroma, dont un nouvel aéroport et une autoroute.
M. Koroma, qui n'a plus le droit de se présenter après deux mandats de cinq ans, a lui-même choisi comme candidat de son parti, le Congrès de tout le peuple (APC), son ministre des Affaires étrangères, Samura Kamara.
L'APC et le Parti du peuple de Sierra Leone (SLPP), principale formation d'opposition, se sont succédé au pouvoir depuis l'indépendance en 1961.
Le candidat de l'APC assume l'héritage du président Koroma. "Je dois préserver ce qu'il a accompli (...) et bâtir dessus", a expliqué lundi à l'AFP M. Kamara, 66 ans.
Le bilan de l'administration sortante est pourtant contrasté.
Si elle est parvenue à attirer les investisseurs pour reconstruire le pays dévasté par la guerre civile, l'économie reste dans un état préoccupant après les chocs de l'épidémie d'Ebola en 2014-2016 et de la chute des cours mondiaux des matières premières, et la corruption a continué à prospérer.
Les conditions de vie de la plupart des habitants restent des plus précaires alors que le sous-sol regorge de richesses, notamment de fer et de diamants.
Perspective de second tour
Pour incarner l'alternance, le SLPP présente à nouveau Julius Maada Bio, 53 ans, battu en 2012 par M. Koroma. Cet ancien général avait pris le pouvoir en janvier 1996 en évinçant le chef de la junte, le capitaine Valentine Strasser. Trois mois plus tard, il avait rétabli le multipartisme et s'était effacé.
Lors d'une ultime réunion électorale, il s'est dit "prêt à une élection pacifique".
M. Bio risque néanmoins de perdre des électeurs au profit de l'un des anciens hommes forts du SLPP, Kandeh Yumkella, qui se présente à la tête d'une nouvelle formation, la Grande coalition nationale (NGC).
S'il a peu de chances de l'emporter, ce "troisième homme" pourrait jouer, en cas de second tour dans un mois, le rôle de faiseur de roi.
"Les électeurs aspirent au changement véritable", a assuré le porte-parole du NGC, Julius Spencer.
Comme dans beaucoup de pays d'Afrique de l'Ouest, les divisions politiques recoupent le plus souvent les divisions ethniques et géographiques, sauf dans la capitale, plus diversifiée démographiquement, où vit un tiers de la population.
Mais "il y a une volonté croissante de l'électorat de se déterminer plus selon les programmes que sur une base ethnique", souligne un rapport du centre de recherche sierra-léonais IGR.
Invoquant le risque de violences, le gouvernement a interdit la circulation des véhicules privés le jour du vote, une mesure critiquée par l'opposition comme une tentative de réduire la participation de ses électeurs.
Des observateurs de l'Union africaine (UA), de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) et du Commonwealth sont déployés tout au long de la journée.
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