Le tribunal correctionnel de Paris, qui a condamné le prévenu pour association de malfaiteurs à visée terroriste et soustraction d'enfant par ascendant, a assorti sa peine d'une période de sûreté de moitié.
La procureur avait requis une période de sûreté des deux tiers, la peine maximale, en raison "de son ancrage radical", "des risques qu'il a fait encourir à son jeune enfant", "du chantage atroce qu'il a fait subir à sa mère".
Il y a dans ce dossier "un conflit conjugal auquel se superpose une volonté de participer au jihad armé", avait résumé la représentante de l'accusation, et "emmener sa fille pour pouvoir s'établir définitivement en Syrie" s'inscrivait dans son "but terroriste".
Le 14 octobre 2013, le jeune homme radicalisé, sur le point de divorcer, était passé chez ses beaux-parents chercher sa fillette Assia, 18 mois. Il ne l'avait jamais ramenée.
Il était parti en Turquie puis, en décembre 2013, avait rejoint son frère en Syrie au sein du groupe d'Oumar Diaby, l'un des principaux recruteurs français de jihadistes, affilié au Front al-Nosra, organisation jihadiste en lutte contre le régime de Bachar al-Assad.
Le prévenu a toujours nié avoir combattu et expliqué avoir été chargé de la répartition de la nourriture au sein du groupe. "Rejoindre un groupe terroriste, c'était pas mon but", avait-il dit aux juges, expliquant avoir voulu "aider le peuple" syrien.
La procureur avait au contraire pointé sa "certaine proximité avec Oumar Diaby", son "soutien logistique à la venue de nouveaux candidats", ses encouragements à venir en Syrie prodigués à de jeunes mineures.
En outre, pour le parquet, "son projet jihadiste" était ancien: à son retour d'un pèlerinage à La Mecque en 2011, il avait pris contact avec des membres du groupe islamiste Forsane Alizza et avait tenté dès 2012 de mettre la main sur le passeport de sa fille.
"327 jours"
Son ex-femme Meriam Rhaiem avait toujours maintenu le contact, essuyant au téléphone une alternance d'invitations à le rejoindre et de menaces: il lui avait fait croire un jour qu'Assia avait été blessée par une explosion kamikaze.
A l'été 2014, Hamza Mandhouj avait émis des craintes face à l'avancée de l'Etat islamique, organisation concurrente. Fin août, la mère de l'enfant s'était rendue avec son frère en Turquie et l'avait convaincu de lui rendre Assia dans un hôtel, près de la frontière syrienne. Il avait été interpellé et l'enfant avait pu retrouver sa mère.
Assia - dont le père se faisait appeler "Abou Assia" en Syrie - a aujourd'hui presque six ans. Elle qui avait peur des avions à son retour "a retrouvé une vie normale", selon sa mère. Scolarisé en maternelle, elle est placée sous assistance éducative dans le cadre du programme consacré aux enfants rentrés des zones irako-syriennes.
Meriam Rhaiem, "mère courage", "ne vous permettra jamais de revoir votre fille", a lancé au prévenu son avocat, Gabriel Versini-Bullara. Il a obtenu 60.000 euros de dommages et intérêts pour ces "327 jours" de séparation.
L'avocate d'Hamza Mandhouj, Sarah Mauger-Poliak, a pour sa part souligné son "comportement excellent en détention", sans "aucun prosélytisme".
"J'ai pris beaucoup de recul sur l'idéologie", a déclaré le prévenu en fin d'audience. "Aujourd'hui, ce qui me fait le plus mal, c'est la privation de ma fille".
"Est-ce que c'est au moins possible d'avoir une photo" d'elle, "de savoir à quoi elle ressemble?", avait-il demandé dans l'après-midi. Réponse cinglante du président: "Ce n'est pas la question".
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