Au programme: un bref tête-à-tête dans le Bureau ovale, un déjeuner de travail, mais pas de conférence de presse commune.
Qu'attendre de cette nouvelle rencontre entre les deux hommes qui ne tarissent jamais d'éloges l'un pour l'autre ? "Rien", tranche sans détour Aaron David Miller, ancien négociateur sur le Proche-Orient et analyste au sein du groupe de réflexion Wilson Center.
"Rien d'autre qu'un accueil chaleureux et la reconnaissance par Trump que Bibi est dans une situation politique très difficile", ajoute-t-il, soulignant que le locataire de la Maison Blanche est déterminé à "l'aider de quelque manière que ce soit".
Quelques heures avant le début de la rencontre avec son "ami" américain, le leader israélien, par ailleurs confronté à un début de crise gouvernementale qui pourrait provoquer des élections anticipées, a dû encaisser un nouveau coup dur.
L'un de ses proches, Nir Hefetz a signé avec les enquêteurs un accord lui conférant le statut dit de "témoin d'Etat", en échange de la mansuétude de la justice dans l'affaire dite Bezeq, du nom du plus important groupe israélien de télécommunications.
La police veut savoir si les Netanyahu ont cherché à s'assurer une couverture positive de la part du site d'information Walla en contrepartie de faveurs gouvernementales qui pourraient avoir rapporté des centaines de millions de dollars à Bezeq, selon la presse.
Trump en mai à Jérusalem?
La reconnaissance par Washington de Jérusalem comme capitale d'Israël et la lutte contre l'influence de l'Iran au Proche-Orient devaient dominer le tête-à-tête entre les deux dirigeants.
Rompant avec ses prédécesseurs et passant outre les multiples mises en garde, M. Trump a annoncé le 6 décembre sa décision de reconnaître Jérusalem comme capitale de l'Etat hébreu et d'y transférer l'ambassade des Etats-Unis, actuellement à Tel-Aviv, le 14 mai afin de coïncider avec le 70e anniversaire de la création de l'Etat d'Israël.
Benjamin Netanyahu a fait part de son souhait d'inviter Donald Trump à y assister mais la Maison Blanche est, pour l'heure, resté muette sur ce thème.
Des 193 pays composant l'Assemblée générale de l'ONU, 128 ont voté fin décembre une résolution condamnant la décision américaine, dont des pays alliés des Etats-Unis comme la France et le Royaume-Uni. Seuls sept petits pays, dont le Guatemala, qui annoncé ce week-end le transfert de son ambassade en mai, se sont alignés avec les Etats-Unis et Israël.
L'une des questions en suspens est de savoir quand la Maison Blanche présentera son plan pour mettre fin au conflit israélo-palestinien, objet d'intenses spéculations. L'exécutif choisira-t-il de le faire après l'inauguration de la nouvelle ambassade ?
Quel que soit le calendrier retenu, l'exercice s'annonce particulièrement délicat.
Benjamin Netanyahu est soumis aux pressions des durs de sa coalition pour accélérer la colonisation, voire annexer la Cisjordanie, un territoire palestinien occupé.
Le soutien sans nuances de M. Trump à M. Netanyahu a par ailleurs provoqué l'ire des dirigeants palestiniens qui estiment que les Etats-Unis ne sont plus des médiateurs crédibles dans le conflit israélo-palestinien.
De plus, Jared Kushner, gendre et proche conseiller de M. Trump, en pointe sur ce dossier, est dans la tourmente. Il vient de se voir interdire l'accès aux informations les plus sensibles à la Maison Blanche, sur fond d'interrogations croissantes sur sa capacité à mener à bien ces discussions délicates.
Selon un sondage publié en janvier par le Pew Research Center, une profonde cassure s'est produite entre républicains et démocrates américains à propos du soutien à Israël. 79% des républicains éprouvent plus de sympathie pour Israël que pour les Palestiniens contre 27% pour les démocrates.
M. Netanyahu doit participer mardi à la conférence annuelle de l'AIPAC (American Israel Public Affairs Committee), l'influent lobby américain pro-israélien
A cette occasion, il devrait surtout parler de l'Iran, ennemi numéro un d'Israël, accusé de vouloir s'implanter militairement en Syrie, pays voisin de l'Etat hébreu.
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