Cette décision n'empêche pas toutefois Pimkie d'appliquer unilatéralement ce plan prévoyant 208 départs, mais elle fragilise les projets de la direction, désormais entre les mains de la Direction régionale des entreprises et de l'emploi (Direccte), qui devra homologuer ou non le plan de départs volontaires (PDV). L'examen portera en partie sur le fond, selon celle-ci.
Un PDV doit contenir "des mesures claires et précises tendant au reclassement des salariés dont le poste est supprimé", selon l'avocat spécialisé Sylvain Niel, directeur chez Fidal.
L'administration considérera-t-elle que c'est le cas ? C'est justement à cause, entre autres, de reclassements "insuffisants" que la CGT et FO ont refusé d'avaliser le plan de la direction. Ainsi, aucun reclassement n'est prévu au sein de la galaxie Mulliez (Décathlon, Leroy-Merlin, Fashion3 pour l'habillement).
La réorganisation doit affecter à la fois le siège, la logistique et les magasins, dont 37 sont promis à la fermeture avec 83 emplois en moins à la clé.
Pour le justifier, la direction avait invoqué "des résultats déficitaires depuis 2015 et un chiffre d'affaires 2017 en baisse de 10%", parlant notamment de la concurrence du commerce en ligne.
FO Pimkie "refuse de participer à la grande braderie que (la direction) organise pour se séparer de ses salariés", a déclaré lundi un communiqué de la Fédération des employés et cadres FO publié sur Facebook.
La CGT avait annoncé dès la semaine dernière qu'elle ne signerait pas. Ce syndicat représente 28% des salariés aux élections internes, FO 24% tandis que la CFE-CGC et la CFDT représentent respectivement 24 et 22% d'entre eux.
"Nos grandes revendications ont été refusées", a déploré la leader cégétiste Valérie Pringuez. "Notamment, en signant cet accord, on donnait la possibilité de se séparer pour motif personnel de salariés non volontaires dont le poste serait supprimé, et de les laisser avec juste leurs yeux pour pleurer".
Elle a aussi pointé, comme sa collègues déléguée FO Séverine Salperwick, des indemnités supra-légales "bien trop basses".
"Ceux qui partent recevraient moitié moins que leurs collègues partis dans un plan précédent en 2010, alors qu'ils ont plus d'ancienneté", a dénoncé Séverine Salperwick.
'Négociations minées'
La direction de Pimkie a souligné auprès de l'AFP, lundi, que "les négociations avaient permis des avancées significatives pour l'amélioration des conditions initiales, que ce soit l'indemnisation, les congés de reclassement, l'aide à la formation..." Elle présentera donc son plan remanié vendredi au CE, a-t-elle ajouté.
Pour la formation, le montant total pour les salariés concernés par le plan de départs volontaires avait doublé durant les négociations, à 100.000 euros.
"Il y a des points forts à cet accord et on était arrivé à un compromis non négligeable, notamment des indemnités raisonnables", a jugé Marie-Annick Merceur, déléguée CFDT. Son syndicat avait l'intention de signer l'accord.
"Du coup on va obtenir largement moins, parce que la direction a dit qu'elle allait reprendre" ses propositions de ruptures collectives "en améliorant juste certaines choses pour passer devant la Direccte", a-t-elle déploré. La CGT a fustigé cette "menace".
Les syndicats ne regrettaient pas pour autant, deux mois après, d'avoir rejeté le projet de RCC, l'un des premiers après l'entrée en vigueur des nouvelles mesures dans le Code du travail.
"Dans les négociations on a obtenu beaucoup plus que ce qu'il y avait dans les RCC", a relevé Marie-Annick Merceur. "Dès le départ, ce projet de RCC a miné les négociations entre direction et syndicats", a confié Valérie Pringuez.
Guy Bouquet, délégué CFE-CGC, dont le syndicat a signé lundi le projet de PDV, estime lui qu'"il y a eu beaucoup de bruit médiatique nuisible autour de ces RCC".
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