Veste grise sur t-shirt orange fluo, cet ancien cariste magasinier de bientôt 58 ans est jugé pour avoir violé, tué et atrocement mutilé deux femmes, mais aussi pour avoir tenté de violer deux autres victimes laissées pour mortes, en 1997 et 1998.
Quatre hommes et deux femmes ont été tirés au sort pour être les jurés principaux de ce procès dont le verdict est attendu le 26 mars. Quatre jurés supplémentaires ont également été tirés au sort.
Avant l'audience, Rançon a demandé à ne pas être photographié ou filmé en gros plan. Il a cependant accepté des images sous forme de balayage effectuées par les nombreux journalistes présents pour ce procès, épilogue 20 ans après de l'affaire dite des "disparues de Perpignan" à l'origine d'une psychose dans la cité catalane dans les années 1990.
A l'ouverture des débats, encadré par trois policiers, l'accusé a décliné clairement son identité. Il s'est rassis ensuite bras croisés, le regard perdu dans le vide et a gardé la tête baissée pendant la lecture des faits par le président de la cour, Régis Cayrol.
Originaire de Picardie, Rançon dont la première agression sexuelle remonte à plus de quarante ans, encourt la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sureté de 22 ans.
Il pourrait aussi se voir infliger une période de rétention de sûreté en fin de peine, car il était en état de récidive légale. Cet homme au lourd passé judiciaire avait été condamné en 1994 pour viol aggravé, et avait été incarcéré à Amiens avant d'arriver à Perpignan.
Avant l'audience, les parties civiles installées en face de l'accusé ont refusé de s'exprimer. Mais beaucoup ne l'ont pas quitté des yeux, parfois en larmes.
"Il faut qu'il paye pour ce qu'il a fait, à ma fille, aux autres victimes, à moi, mon mari, ma famille", avait déclaré il y a quelques jours Conception Gonzalez, mère de la dernière victime, Marie-Hélène, 22 ans, tuée le 16 juin 1998.
Fausses pistes
C'est grâce à un nouveau logiciel sur le fichier national des empreintes génétiques (FNAEG) que le meurtrier présumé a été identifié le 13 octobre 2014. A l'origine, une trace sur le dessus de la chaussure droite de Moktaria Chaïb, 19 ans, tuée le 21 décembre 1997.
Auparavant, les investigations tous azimuts étaient allées de fausses pistes en déceptions.
Il y avait eu des centaines d'interrogatoires, certains sous hypnose. Rançon avait lui-même été entendu après le meurtre de Marie-Hélène. Mais aucun élément tangible n'était alors ressorti à l'encontre de cet homme au lourd passé judiciaire, avec des condamnations pour "agressions sexuelles" ou "violences sur conjoint".
Il aura donc fallu un changement de technique dans les analyses de l'ADN pour le confondre. Rançon a fini par avouer au bout de sa garde à vue.
Il a expliqué avoir découpé les seins et les parties sexuelles de Moktaria parce qu'il ne voulait pas laisser de traces. Un chirurgien péruvien au diplôme douteux avait été longtemps soupçonné d'avoir commis ces mutilations, avant de bénéficier d'un non-lieu et de mourir étranglé en juin 2012 à Valence (Espagne).
Rançon a été reconnu par Sabrina qui lui avait échappé miraculeusement le 9 mars 1998. Elle l'a vu sur une photo dans un journal au lendemain de l'interpellation.
En 2015, il a avoué avoir tué Marie-Hélène, retrouvée décapitée, amputée des mains, les parties génitales découpées. La tête et les mains avaient été retrouvées six mois plus tard.
Rançon a aussi admis être l'auteur de l'agression de Nadjet, le 20 décembre 1997. C'était 4 jours seulement après son arrivée à Perpignan. Il venait de purger plusieurs années d'emprisonnement pour viol et disait vouloir s'éloigner de son passé.
En revanche deux disparitions ne peuvent pas lui être attribuées. Celle de Fatima Idrahou, 23 ans, violée et tuée le 9 février 2001, pour laquelle Marc Delpech a été condamné en 2004 à 30 ans de prison.
Quant à Tatiana Andujar, disparue depuis le 24 septembre 1995, Rançon a un alibi: il était incarcéré à Amiens.
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