"Près de six mois après les élections" législatives du 24 septembre, les électeurs "ont le droit de s'attendre à ce qu'il se passe enfin quelque chose", a-t-elle dit au lendemain de la décision des sociaux-démocrates du SPD de former une majorité de gouvernement avec elle en vue d'un quatrième mandat de chancelière.
"Nous voyons tous les jours que l'Europe est très sollicitée, et qu'une voix forte de l'Allemagne, au côté de celle de la France et d'autres Etats membres, est nécessaire", a ajouté Mme Merkel avant une réunion de son parti chrétien-démocrate (CDU).
Car à la suite de l'imbroglio politique allemand, l'étendard européen semble être passé aux mains du président français Emmanuel Macron. Et ce dernier attendait la reconduction de Mme Merkel pour négocier un ambitieux plan de réforme d'une Union européenne émoussée par la montée des nationalismes.
Dernier exemple en date, l'Italie avec l'essor aux législatives dimanche de forces anti-système qui complique la formation d'un gouvernement. Berlin a appelé lundi à la formation rapide d'une équipe dirigeante "pour le bien de l'Italie mais aussi de notre Europe commune".
Fronde anti-Merkel
Parmi les autres défis européens, la chancelière a cité le commerce international, les Etats-Unis de Donald Trump menaçant d'eriger toujours plus de barrières douanières. Le porte-parole de la dirigeante allemande a accusé Washington de "faire fausse route" avec "le repli sur soi".
Elle a aussi mentionné le conflit en Syrie, sur lequel l'UE est inaudible bien que cette guerre a provoqué une crise migratoire en Europe sans précédent depuis 1945.
Angela Merkel, dont la candidature à la chancellerie a été formellement présentée à la chambre des députés lundi en vue d'un vote le 14 mars, fait face aussi à la percée fracassante du mouvement d'extrême droite AfD.
Celle-ci a chamboulé le système politique, mis les questions identitaires et d'immigration au premier plan du débat et nourri un début de fronde anti-Merkel au sein de son parti.
Une partie des troupes conservatrices de la chancelière considère que la montée en puissance de cette droite anti-migrants et anti-Europe est due au centrisme d'Angela Merkel et à l'accueil de plus d'un million de demandeurs d'asile entre 2015 et 2017.
La chancelière a d'ailleurs dû accepter de donner un portefeuille ministériel, la Santé, au chef de file de ses détracteurs de l'aile dure de la CDU, l'ambitieux Jens Spahn. Ce dernier revendique un virage à droite et sa proximité avec Sebastian Kurz, le chancelier autrichien qui a fait alliance avec l'extrême droite dans son pays, dans la foulée de l'afflux migratoire de 2015.
Malgré ces aléas, Mme Merkel a une nouvelle fois démontré sa résistance après douze années au pouvoir.
La durabilité du gouvernement à venir reste cependant en suspens tant les sociaux-démocrates y vont à reculons. Le contrat de coalition prévoit même une clause de sortie dans moins de deux ans.
L'AfD donne rendez-vous
L'extrême droite s'est elle réjouie de la reconduction de cette alliance, considérant avoir tout à gagner car, selon l'AfD, les partis conservateur et social-démocrate perdent identité et électeurs en gouvernant ensemble.
"La facture arrivera au plus tard en 2021" lors des prochaines élections, prédit Alice Weidel, figure de l'Alternative pour l'Allemagne.
Avant l'entrée en fonction du quatrième gouvernement Merkel, quelques étapes formelles restent à franchir. Ses alliés doivent ainsi finaliser la liste de leurs ministres.
Les conservateurs bavarois (CSU), partisans d'une ligne dure sur l'immigration, ont confirmé lundi que leur chef Horst Seehofer prendra la tête de l'Intérieur auquel on a ajouté le qualificatif controversé de "ministère de la Patrie".
Le SPD doit lui désigner cette semaine probablement les ministres des Affaires étrangères et de la Justice.
Il devrait aussi confirmer le maire de Hambourg Olaf Scholz aux Finances, le SPD ayant forcé Mme Merkel à lui céder ce portefeuille au grand dam de nombre de conservateurs qui craignent qu'un social-démocrate poussera pour alléger la rigueur budgétaire en Europe.
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