Le cardinal Pell, 76 ans, l'un des plus proches conseillers du pape François, dément catégoriquement toutes les accusations portées contre lui.
Il a pris congé pour pouvoir se défendre. Les faits présumés se seraient déroulés il y a très longtemps. Leur nature exacte n'a pas été dévoilée, les autorités se bornant à parler de "plaignants multiples".
Le prélat, qui portait une veste de costume et un simple col romain blanc, a monté les marches du tribunal de Melbourne, escorté par des dizaines de policiers.
Quelques manifestants l'attendaient devant le tribunal.
“Va en enfer. Va en enfer George Pell!", s'est écriée Valda Ann Hogan. Un autre manifestant, qui n'a donné que son prénom, Neville, et qui affirme avoir été victime d'abus sexuels, a souhaité que "la justice suive son cours".
Des soutiens du cardinal étaient également présents dans l'assistance. "Je le connais et c'est un innocent, un homme bon, un saint homme", a assuré Beverly Hastie.
Une cinquantaine de témoins pourraient être entendus durant cette audience qui doit durer quatre semaines. Ils livreront leurs récits à la cour et devront également se soumettre au feu des questions de la défense.
'Présumé innocent'
Puis, le tribunal devra décider si le dossier est suffisamment solide pour justifier le renvoi du prélat en procès.
Le cardinal a été inculpé en juin 2017 pour "des délits d'agressions sexuelles".
L'audience a été ouverte à la presse durant une demi-heure avant d'être suspendue. Les débats reprendront dans l'après-midi à huis clos.
L'avocat du cardinal Pell, Robert Richter, a déclaré que la défense avait fourni à la police de multiples témoignages favorables au prélat sur lesquels elle aurait dû enquêter: "elle ne l'a pas fait", a-t-il accusé.
L'ancien archevêque de Sydney et Melbourne n'est pas obligé de faire connaître la manière dont il compte plaider avant un procès mais sa défense a fait savoir clairement dès le départ qu'il entendait faire valoir son innocence.
"Pour éviter tout doute, et à cause de l'intérêt (pour l'affaire), je pourrais indiquer que le cardinal Pell plaide non coupable de tous les chefs et soutiendra son innocence qui reste présumée", avait dit en juillet Me Richter.
L'une des lignes de défense de son équipe sera de tenter de déterminer à quel moment les plaignants avaient lancé leurs accusations pour la première fois dans l'espoir de prouver qu'il s'agit "d'inventions récentes".
Le scandale a provoqué une onde de choc en Australie, puisque M. Pell est le plus haut représentant de l'Eglise inculpé dans une affaire d'agression sexuelle présumée.
Enquête nationale
L'annonce de son inculpation avait coïncidé avec la fin d'une longue enquête nationale portant sur les réponses institutionnelles apportées en Australie aux abus sexuels commis sur des enfants. Le gouvernement avait ordonné son ouverture en 2012 après une décennie de pressions de la part des victimes.
La commission d'enquête royale ayant conduit pendant quatre ans les investigations avait recueilli des témoignages éprouvants de milliers de victimes d'abus pédophiles dans les églises, les orphelinats, les clubs de sport, les organisations de jeunesses et les écoles.
Le cardinal Pell avait été entendu trois fois dans ce cadre et avait reconnu avoir "failli" dans sa gestion des prêtres pédophiles dans l'Etat de Victoria dans les années 1970.
En décembre, la commission d'enquête avait conclu que les institutions australiennes avaient "gravement manqué à leurs devoirs" envers les enfants pendant des décennies.
Elle avait recommandé entre autres une modification du droit canonique afin d'instaurer le célibat volontaire et non plus obligatoire pour les prêtres.
L'ecclésiastique avait été ordonné prêtre en 1966 à Rome, avant de revenir en Australie en 1971 où il avait gravi les échelons de la hiérarchie catholique.
Celle-ci est montée au créneau pour défendre "un homme profondément honnête". L'archidiocèse de Sydney prend en charge le logement du prélat durant son combat judiciaire mais pas ses frais d'avocat, qui pourraient se chiffrer en centaines de milliers de dollars australiens.
Nommé archevêque de Melbourne en 1996, puis de Sydney en 2001, il avait été choisi en 2014 par le pape François pour mettre davantage de transparence dans les finances du Vatican.
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