Il est arrivé à Téhéran vers minuit et quart lundi (20h45 GMT dimanche).
Il est le premier haut responsable des trois pays européens parties à cet accord (Allemagne, France et Grande-Bretagne) à venir à Téhéran depuis l'ultimatum posé en janvier par Donald Trump à propos de ce texte présenté par ses partisans comme le meilleur moyen d'empêcher l'Iran de se doter de l'arme atomique.
Le président américain, pour qui il s'agirait d'un des pires accord jamais accepté par les États-Unis, a donné jusqu'au 12 mai aux Européens pour remédier aux "terribles lacunes" du texte, faute de quoi Washington en sortira et réintroduira des sanctions contre l'Iran.
Pendant que M. Le Drian volait vers Téhéran, l'Élysée a annoncé que le président Emmanuel Macron avait demandé à son homologue iranien Hassan Rohani lors d'un entretien téléphonique "d'exercer les pressions nécessaires" sur le régime syrien pour faire cesser les attaques contre la population de la Ghouta orientale, où quelque 400.000 civils assiégés vivent une grave crise humanitaire.
Sans s'étendre sur la question syrienne, la présidence iranienne a rendu compte de l'entretien en indiquant que les États vendant des armes à l'Arabie saoudite devraient "rendre des comptes" pour les "crimes de guerre" commis au Yémen.
L'Arabie saoudite, à la tête d'une coalition arabe intervenant militairement au Yémen, est l'un des premiers clients à l'exportation pour les industries d'armement françaises.
A Téhéran, M. Le Drian "entend poursuivre la voie d'un dialogue franc et exigeant avec l'Iran", a déclaré dimanche la porte-parole du Quai d'Orsay, Agnès von der Mühll, soulignant que le ministre va rappeler "l'attachement" de la France" à l'accord international sur le nucléaire iranien, conclu en 2015.
Sa remise en cause ouvrirait la porte à la prolifération nucléaire dans une région déjà très instable et ne ferait qu'encourager la Corée du Nord à aller plus loin dans son programme, craint-on à Paris.
Lors de son entretien avec M. Rohani, M. Macron a rappelé les demandes de la France sur des problèmes qui ne relèvent pas du cadre de l'accord mais appellent "des réponses claires" de l'Iran, en particulier sur le programme balistique et la sécurité dans la région, selon l'Élysée.
2.000 km de portée
M. Le Drian doit être reçu par M.Rohani et par son homologue Mohammad Javad Zarif.
Il doit rencontrer également le secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale, l'amiral Ali Shamkhani, proche du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei.
Le ministre compte mettre sur la table des sujets sur lesquels l'Iran refuse jusque-là de "négocier" : l'arsenal balistique iranien et l'attitude de l'Iran au Moyen-Orient, que Paris juge de plus en plus "hégémonique".
La France, à l'unisson de Londres et Berlin, veut convaincre l'Iran de limiter son programme balistique afin que ses missiles ne puissent pas un jour emporter des charges nucléaires.
Pour M. Le Drian, les "ambitions" de l'Iran dans ce domaine "sont très préoccupantes et contraires à la résolution 2231" du Conseil de sécurité qui a entériné l'accord nucléaire.
Faute d'engagements clairs, "l'Iran sera toujours et avec raison soupçonné de vouloir développer l'arme nucléaire", met-il en garde.
L'Iran a développé des missiles d'une portée de 2.000 kilomètres capables d'atteindre Israël et les bases américaines dans la région, affirmant qu'ils sont purement défensifs et conventionnels.
'Transferts régionaux'
"On a aussi une inquiétude particulière sur les transferts de savoir-faire, de capacités balistiques à des acteurs régionaux", du Hezbollah libanais aux rebelles houthis au Yémen, observe-t-on dans l'entourage du ministre.
Les dialogue apparaît difficile. "Nous ne négocierons avec personne sur nos armes", a déjà averti le président M. Rohani.
Mais les Iraniens attendent aussi beaucoup d'une visite du président français Emmanuel Macron, annoncée pour cette année.
Un accord de Tehéran sur le balistique ou un engagement à modérer ses ambitions régionales pourrait apaiser les craintes de M. Trump.
L'Iran soutient militairement le régime de Damas avec des dizaines de milliers de miliciens combattant en Syrie. Il menace aussi Israël par Hezbollah interposé et rivalise avec Ryad dans la course au leadership régional.
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