"C'est un beau métier qui devrait se réinventer", estime ainsi Valérie Ginet, enseignante à Paris, avec poussette et enfant, qui arpente le salon de l'Agriculture durant ses dernières heures, porte de Versailles à Paris.
Pour cela, elle estime que l'Europe "ne protège pas suffisamment" une agriculture "menacée par la concurrence étrangère": "Les gens ont envie d'une agriculture plus locale, plus raisonnée, pas de faire des productions énormes", bref d'une production agricole qui se fasse "à dimension humaine".
L'Europe, Marie-Ange Duchier, éleveuse de vaches charolaises dans la Creuse, ne souhaite plus en dépendre: "Les subventions, on n'en voudrait plus, on voudrait vivre de notre métier", explique-t-elle.
Elle attend des clarifications du gouvernement sur le modèle de production encouragé, alors que les plans de relance de l'agriculture en crise, issus des états généraux de l'alimentation, n'ont pas tous été dévoilés.
"Ce qu'il faut se figurer c'est que la viande n'est pas plus chère depuis les années 1980, alors que nos charges ont augmenté dans des proportions pas possibles", déplore-t-elle en couvant du regard "Lancia", une belle vache à la robe beige, paisiblement installée dans la paille et qui n'a cure de ses admirateurs d'un jour.
Pour Marie-Ange, surtout, l'agriculture de demain aura des normes simplifiées: "Il y a trop de normes qui se télescopent, normes européennes, normes françaises, parce qu'on veut toujours laver plus blanc que blanc", enrage-t-elle, craignant d'autant plus l'arrivée sur le continent de la viande des pays du Mercosur (Marché commun en Amérique du Sud), au cas où aboutiraient les négociations autour du projet d'accord de libre-échange entre les pays sud-américains et l'UE.
Une raison de plus pour elle, de clarifier l'étiquetage des produits et "d'estampiller français ce qui est français, parce que certaines productions aujourd'hui, elles rentrent en France et à partir du moment où elles sont rentrées, elles sont estampillées françaises".
Revenus diversifiés
Elève de lycée agricole dans le Limousin, Nicolas est convaincu que pour gagner sa vie le paysan de demain fera de la vente directe aux consommateurs "pour éviter de passer par les grandes surfaces": "Quand on voit qu'une vache à viande telle que la nôtre est payée quatre euros le kilo et sera vendue, par exemple pour une entrecôte 22 euros le kilo, on se demande ! On espère que ça va changer, mais ça va prendre beaucoup de temps".
L'agriculture de demain "c'est les agriculteurs qui fixent leur prix et leur marché, et qui choisissent leur grande surface", veut croire son camarade Romain.
"Par rapport à l'agriculture actuelle, il s'agira de vendre moins aux supermarchés, vendre plus en local, il n'y a que ça", renchérit Jérémie Coste, père de famille parisien, avec femme et enfants.
"Aujourd'hui, les gens consomment des produits étrangers moins chers, parce que leurs revenus sont moins élevés", estime-t-il, voyant internet comme une bon moyen de "limiter les intermédiaires" et de limiter les coûts de productions en France.
Pour diversifier ses sources de revenus et peut-être pouvoir vendre moins cher, la production d'énergie semble une bonne piste pour Alexandre Bachotet, céréalier qui cultive 400 hectares en Côte-d'Or.
Afin de "retrouver un équilibre" en termes de rentabilité, "demain, on peut mettre en route de la méthanisation", estime-t-il, pour valoriser non seulement les déchets produits par les animaux, mais aussi la paille, et produire du gaz qui chauffera des collectivités.
"Il y aura des nouvelles cultures, des baisses de produits phyto, des biostimulants, des algues", estime-t-il, persuadé que "l'agriculture a de l'avenir".
Tout comme cet anonyme, qui a écrit à la craie sur un tableau noir ouvert au public: "Pas de paysages sans paysans, pensez-y".
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