Les raids aériens et tirs d'artillerie du régime, qui se poursuivent malgré une trêve humanitaire quotidienne de cinq heures décrétée mardi dernier, ont poussé des centaines de civils à fuir leurs localités vers l'ouest de l'enclave, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Soutenu par Moscou, le pouvoir de Bachar al-Assad n'a jamais caché son intention de reconquérir le fief rebelle situé dans la Ghouta orientale, aux portes de Damas, où quelque 400.000 civils assiégés depuis 2013 vivent une grave crise humanitaire.
Le régime a lancé mi-février une campagne aérienne d'une rare violence qui a tué plus de 650 civils et qui, selon une ONG et un média prorégime, devait constituer le prélude d'une offensive terrestre.
L'armée syrienne a "progressé sur plusieurs fronts", a reconnu dimanche une source militaire citée sous couvert d'anonymat par l'agence officielle Sana.
Il s'agit de la première annonce officielle du régime concernant l'opération terrestre, alors que son lancement n'a jamais été dévoilé. Depuis plusieurs jours, les combats au sol se sont clairement intensifiés.
Les forces du régime ont capturé des secteurs dans l'est et le sud-est de l'enclave, jusqu'à prendre le contrôle de plus de 10% du fief rebelle, selon l'OSDH.
"Les forces du régime poursuivent leur avancée" et sont désormais dans le centre de l'enclave, aux portes de la localité de Beit Sawa, d'après l'ONG.
"Il y a des combats entre les forces du régime et des groupes rebelles", a affirmé à l'AFP son directeur, Rami Abdel Rahmane.
'Beaucoup de peur'
Si la trêve quotidienne de cinq heures (07H00 GMT-12H00 GMT) décrétée par Moscou a fait baisser en intensité le pilonnage du régime, les bombardements se poursuivent.
Dimanche, un correspondant de l'AFP a pu voir des centaines d'habitants, femmes et enfants, jetés sur les routes par les frappes sur la localité de Beit Sawa, emportant de maigres possessions sur des motos ou des camionnettes.
Depuis samedi soir, des bombardements ont entraîné le départ de près de 2.000 civils, fuyant des zones agricoles pour se réfugier dans l'ouest de l'enclave, a confirmé l'OSDH.
Ce pilonnage intensif, qui vise également la localité de Misraba, prédit un prochain assaut du régime, selon M. Abdel Rahmane.
"Tout le monte est sur les route, il y a des destructions partout", lâche Abou Khalil, 35 ans, fuyant Beit Sawa, portant dans ses bras une petite fille blessée à une joue.
"De nombreuses familles sont sous les décombres, les secouristes sont débordés", poursuit-il.
Dans les hôpitaux, les mêmes drames sont filmés au quotidien par les correspondants de l'AFP, avec des enfants en pleurs, des petits au visage ensanglanté, des hommes au crâne bandé et parfois couverts de poussière.
Et l'avancée du régime inquiète. "Il y a beaucoup de peur, on ne peut que s'attendre à une catastrophe humanitaire", lâche Bachir, 25 ans, à Douma, une grande ville de la Ghouta.
Subissant au quotidien pénuries de nourritures et de médicaments, les habitants attendent toujours une quarantaine de camions chargés d'aides promis par l'ONU, mais qui n'ont pas pu être acheminés.
La source militaire citée par Sana a fait état de "préparatifs en cours pour faire parvenir des aides alimentaires aux civils", sans autre précision.
'Grave préoccupation'
La Syrie est ravagée depuis 2011 par une guerre complexe qui a fait plus de 340.000 morts. Grandement fragilisé, le régime d'Assad est parvenu à reprendre la main grâce à l'appui militaire de la Russie.
Après avoir multiplié les victoires face aux rebelles et aux jihadistes, le pouvoir contrôle désormais plus de la moitié du territoire, et reste déterminé à reconquérir l'intégralité du pays.
Le scénario dans la Ghouta n'est pas sans rappeler celui de 2016 à Alep (nord), où les rebelles avaient dû abandonner leurs quartiers après un siège et des bombardements dévastateurs du régime et de son allié russe.
Le président français Emmanuel Macron et le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres ont de nouveau exprimé samedi soir leur "grave préoccupation".
Les deux hommes ont souligné leur "pleine détermination à faire appliquer par le régime syrien et ses alliés" une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU, réclamant un cessez-le-feu de 30 jours dans toute la Syrie.
Adoptée fin février, cette résolution est restée sans effet.
M. Macron devait s'entretenir dimanche avec son homologue iranien Hassan Rohani, Téhéran étant l'un des principaux soutiens du régime, selon la présidence française.
L'enclave rebelle d'une centaine de kilomètres carrés représente un tiers seulement de la vaste région agricole de la Ghouta orientale.
Depuis le 25 février, les combats au sol ont tué 76 combattants des forces prorégime, et 43 rebelles du puissant groupe rebelle Jaich al-Islam, selon l'OSDH.
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