Soutenu par l'allié russe, le pouvoir de Bachar al-Assad n'a jamais caché son intention de reconquérir ce dernier bastion rebelle aux portes de Damas, où quelque 400.000 civils assiégés depuis 2013 vivent une grave crise humanitaire.
Le régime a ainsi lancé le 18 février une campagne aérienne d'une rare violence qui a tué plus de 650 civils et qui, selon une ONG et un média prorégime, devait constituer le prélude d'une offensive terrestre.
Cette offensive n'a jamais été officiellement annoncée, mais les combats au sol se sont intensifiés ces derniers jours, les forces du régime progressant dans l'enclave rebelle, malgré la trêve quotidienne de cinq heures décrétée par Moscou et qui est entrée en vigueur mardi.
A la faveur de cette percée, le régime contrôle désormais 10% de l'enclave rebelle, des secteurs situés dans l'est et le sud-est du fief des insurgés, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
"Dans l'est de l'enclave, il y a des combats entre les forces du régime et Jaich al-Islam", un des principaux groupes rebelles de la Ghouta, a affirmé à l'AFP le directeur de l'ONG, Rami Abdel Rahmane.
Et, alors que les affrontements se concentrent dans le secteur d'Al-Rihane et la localité de Chifouniya, le régime a perdu dans la nuit 12 combattants --signe de la résistance des insurgés--, a précisé M. Abdel Rahmane.
'Grave préoccupation'
La Syrie est ravagée depuis 2011 par une guerre de plus en plus complexe qui a tué plus de 340.000 personne. Grandement fragilisé, le régime d'Assad est parvenu à reprendre la main grâce à l'appui militaire de la Russie.
Après avoir multiplié les victoires face aux rebelles et aux jihadistes, le pouvoir contrôle désormais plus de la moitié du territoire, et reste déterminé à reconquérir l'intégralité du pays.
Les combats dans la Ghouta orientale se poursuivent malgré une trêve quotidienne de cinq heures (07H00 GMT-12H00 GMT) décrétée mardi par la Russie.
L'initiative de Moscou a permis de faire baisser en intensité les bombardements du régime sur l'enclave. Mais ces raids et les tirs d'artillerie n'ont toutefois pas disparu, en particulier en dehors des heures de "trêve".
Dimanche, des centaines d'habitants, femmes et enfants, ont pris la route pour fuir les bombardements sur la localité de Beit Sawa, selon un correspondant de l'AFP.
Dans les hôpitaux, les mêmes drames sont filmés au quotidien par les correspondants de l'AFP, avec des enfants en pleurs, des blessés au visage ensanglanté, parfois couverts de poussière, le crâne bandé.
Les raids de samedi ont tué 18 civils, dont trois enfants, d'après l'OSDH.
Le président français Emmanuel Macron et le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres ont de nouveau exprimé samedi soir leur "grave préoccupation" face à la situation dans la Ghouta orientale.
Les deux hommes ont souligné leur "pleine détermination à faire appliquer par le régime syrien et ses alliés" une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU, réclamant un cessez-le-feu de 30 jours en Syrie.
Adoptée fin février, cette résolution est restée sans effet.
"Les convois de l'ONU doivent livrer dès à présent l'assistance médicale et alimentaire indispensable aux populations assiégées", a ajouté la présidence française.
D'après la même source, M. Macron doit s'entretenir dimanche avec son homologue iranien Hassan Rohani, Téhéran étant l'un des principaux soutiens du régime.
'Défaite' prochaine
"La superficie de la Ghouta (rebelle) se rétrécit", a assuré samedi soir sur son site internet le quotidien prorégime al-Watan, rapportant la reconquête par le régime de plusieurs localités.
L'enclave rebelle d'une centaine de kilomètres carrés représente un tiers de la vaste région agricole de la Ghouta orientale.
Le porte-parole de Jaich al-Islam, Hamza Bayrakdar, a rapporté sur son compte Twitter des "attaques surprises" menées dans la nuit de samedi à dimanche par ce groupe islamiste contre des "positions" conquises par le régime.
Depuis le 25 février, les combats au sol ont tué 76 combattants des forces prorégime, et 43 rebelles de Jaich al-Islam, selon l'OSDH.
"Les terroristes goûteront à la défaite prochainement dans la Ghouta, comme ils l'ont connue à Alep", deuxième ville du pays, a encore asséné samedi le vice-ministre syrien des Affaires étrangères, Ayman Soussane, cité par l'agence officielle Sana.
Le scénario dans la Ghouta n'est pas sans rappeler celui de 2016 à Alep, où les rebelles avaient dû abandonner leurs quartiers après un siège asphyxiant et des bombardements dévastateurs du régime et de son allié russe.
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