Et nombre d'entre eux se montraient encore indécis ou amers à la veille de ce scrutin, au terme d'une campagne dominée par les questions liées à l'immigration, l'insécurité ou la faiblesse de la reprise économique en Italie.
"Personnellement, je vois beaucoup de confusion, beaucoup de perte de repères autour de nous", commentait ainsi samedi Giuseppe, originaire du sud de l'Italie et en déplacement à Florence où l'AFP l'a interrogé.
Car, si la droite est donnée en tête de ce scrutin, elle est cependant loin d'être certaine de pouvoir gouverner. Selon les experts, le seuil pour obtenir la majorité des sièges est de 40 à 45% avec le nouveau système électoral, qui combine scrutin proportionnel et majoritaire.
Or, les derniers sondages disponibles, datant d'il y a deux semaines, plaçaient la coalition droite/extrême droite en tête avec 37% des intentions de vote (dont 17% pour Forza Italia, le parti de M. Berlusconi, et 13% pour la Ligue de Matteo Salvini). Un renversement de ce rapport de forces, auquel le chef de la Ligue veut croire dur comme fer, donne des sueurs froides en Europe.
"A partir de lundi, c'est la Ligue qui gouvernera le pays", a ainsi assuré vendredi soir à Milan Matteo Salvini, tout en reprenant les attaques contre les migrants et contre Bruxelles qui ont alimenté sa campagne ces dernières semaines.
L'alliance entre Silvio Berlusconi, 81 ans, et Matteo Salvini, 44 ans, qui a fait de la Ligue autrefois régionaliste un parti d'extrême droite sur le modèle du Front national, est une première dans l'Union européenne, a dénoncé vendredi soir le chef du Parti démocrate (PD, centre gauche) Matteo Renzi. Et, "je le dis aux électeurs de la gauche radicale et aussi aux modérés: seul le vote en faveur du PD garantit de ne pas laisser ce pays aux mains de Matteo Salvini", a-t-il averti, brandissant aussi la menace d'une alliance post-électorale entre la Ligue et les populistes du Mouvement Cinq Etoiles (M5S), qui officiellement s'en défendent.
'Fin de l'opposition'
Vendredi, le M5S a clôturé sa campagne en se disant certain cette fois de l'emporter.
"Ce soir, c'est la fin de la période d'opposition et c'est le début de la période gouvernementale" du M5S, a assuré Luigi Di Maio, le jeune candidat du Mouvement au poste de chef du gouvernement. Fondé en 2009 par le comique Beppe Grillo, le M5S avait créé la surprise en raflant un quart des voix en 2013 et pourrait devenir le premier parti du pays, même s'il lui faudrait probablement se résoudre à des alliances pour gouverner.
Dans le cadre de cette campagne, l'une des pires en Italie depuis des décennies selon certains éditorialistes, les forces en présence ont multiplié les promesses: baisses massives des impôts, expulsions de centaines de milliers d'immigrés clandestins, revenu garanti pour les plus pauvres et avancement de l'âge de départ en retraite. Chacun pouvait y trouver son compte, sans forcément y croire.
Enchaînant les interviews vendredi soir, le milliardaire de 81 ans a ainsi promis de créer 500.000 emplois dans ce Mezzogiorno défavorisé, avec l'appui d'Antonio Tajani, actuel président du Parlement européen, qu'il a choisi pour diriger le gouvernement en cas de victoire. L'ancien chef du gouvernement italien est lui-même interdit de toute fonction publique jusqu'en 2019 après une condamnation pour fraude fiscale.
"C'était pénible parce que cette campagne a manqué de clarté; il y a des programmes qui sont, selon moi, irréalisables. Donc, j'ai la sensation qu'ils essaient de nous convaincre sur quelque chose qui n'est pas possible", a ainsi jugé Franco Bianchi, interrogé samedi à Florence (centre).
Les électeurs sont appelés à se rendre dans les bureaux de vote de 07H00 (06H00 GMT) à 23H00 (22H00 GMT): tous recevront un bulletin rose pour élire les 630 députés. Ceux qui ont plus de 25 ans recevront aussi un bulletion jaune pour choisir les 315 sénateurs.
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