Dans la matinée, environ 300 manifestants, selon la police, ont marché entre Bure et Mandres-en-Barrois, commune où se situe le bois Lejuc évacué le 22 février. Les forces de l'ordre procèdent à des contrôles autour de ces deux communes.
A Mandres-en-Barrois, où des opposants de tous âges tenaient des réunions dans une grange, la situation demeurait très calme, a constaté une journaliste de l'AFP. Certains avaient des cagoules ou le visage dissimulé derrière des masques.
A une fenêtre à proximité, une banderole rouge déclarait: "Limite de la zone de travail. Ne pas franchir".
Le programme officiel de la manifestation prévoit des discussions et débats entre les différents comités d'opposants, une marche vers la forêt évacuée, ainsi que la construction d'une "vigie" sur un terrain prêté à la lisière du bois. Une conférence de presse des opposants doit avoir lieu à 13H00.
La préfecture de la Meuse avait pris jeudi soir un arrêté interdisant "toute manifestation" samedi et dimanche dans le secteur, en raison de la perspective de "troubles graves à l'ordre public".
Une interdiction qu'ont décidé d'outrepasser les opposants à ce projet baptisé Cigéo, qui avaient prévu depuis le début de l'année un grand rassemblement à Bure ce premier week-end de mars.
La préfète de la Meuse, Muriel Nguyen, avait déclaré vendredi que "plus de 700 opposants (étaient) attendus" samedi et dimanche, dont "un nombre important" présente un "profil extrêmement inquiétant".
"Il existe un fort risque d'affrontements avec les forces de l'ordre stationnées aux abords du bois", étant donné "le caractère jusqu'au-boutiste de certains des opposants" et "le mot d'ordre visant à réinvestir" la zone, avait fait valoir la préfète.
Référé rejeté
D'autres arrêtés préfectoraux ont également interdit la circulation et le stationnement à Bure et à Mandres-en-Barrois, jusqu'à lundi compris. Les opposants au nucléaire avaient déposé un référé contre cette interdiction, mais le tribunal administratif de Nancy l'a rejeté samedi matin, a indiqué le Réseau Sortir du Nucléaire.
"Au vu du dispositif militaire déployé pour entraver la tenue de ces rencontres, nous dénonçons fermement la stratégie de la tension mise en place par les autorités et redoutons les conséquences d'une répression qui semble d'ores et déjà planifiée", a réagi le réseau opposé au nucléaire.
Le 22 février à l'aube, une opération d'évacuation surprise, mobilisant 500 gendarmes et des hélicoptères, avait été lancée pour évacuer une quinzaine d'opposants installés dans le bois Lejuc. Cette forêt a été retenue par l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) pour y procéder à des forages exploratoires avant de déposer une demande d'autorisation formelle de création du site de stockage des déchets nucléaires, a priori en 2019.
L'opération policière de grande ampleur avait été lancée pour éviter que les opposants ne puissent mener à bien leurs projets d'installer des constructions en dur dans le bois, ce qui l'aurait transformé en Zad ("zone à défendre") à l'image de celle de Notre-Dame-des-Landes en Loire-Atlantique.
Depuis l'évacuation, des gendarmes continuent de surveiller le bois.
Le site de Bure a été choisi en 1998 pour accueillir un laboratoire souterrain qui doit préparer l'enfouissement à 500 mètres sous terre des déchets nucléaires les plus radioactifs ou à vie longue du parc français. Mais ce projet n'en est qu'à ses prémisses et aucun déchet radioactif n'est encore sur place.
"Je suis à la disposition de tous les opposants légaux pour améliorer sans cesse le projet et les outils de concertation associés", a encore souligné vendredi le secrétaire d'Etat à la Transition écologique, Sébastien Lecornu, qui sépare "opposants légaux" et ceux qu'il appelle des "délinquants".
Depuis le lancement du projet de Bure, les manifestations d'opposants se sont multipliées et des recours judiciaires ont été intentés pour empêcher le démarrage des travaux. En août, des affrontements avaient fait six blessés parmi les opposants et deux parmi les gendarmes.
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