Cette femme de 35 ans n'a jamais pu obtenir justice pour l'attaque brutale de son beau-père, qui l'a défigurée à jamais en lui jetant de l'acide au visage parce qu'elle avait demandé le divorce.
Sa belle-famille a notamment menacé de réserver le même sort à son fils si elle portait plainte. "J'ai choisi mon fils plutôt que la justice", affirme-t-elle. Un choix terrible qu'elle préfère laisser derrière elle pour éviter que son esprit ne soit totalement perturbé.
Avec d'autres victimes d'attaques à l'acide, Massoumeh a organisé cette semaine une exposition d'œuvres d'art à la galerie Ashianeh de Téhéran pour sensibiliser les gens à ce fléau et recueillir des fonds, qui seront reversés à l'Association de soutien aux victimes.
"Je ne veux pas que mon nom soit cité comme une victime mais plutôt comme une artiste", affirme Massoumeh, qui pratique la poterie et la sculpture.
Elle vit aujourd'hui dans la capitale avec son fils âgé de 12 ans après avoir fui sa famille qui habite à Ispahan, troisième ville du pays. Elle donne des cours d'art à d'autres personnes non voyantes et se dit fière d'être "totalement indépendante".
"J'espère que cette exposition encouragera d'autres personnes comme nous et leur redonnera confiance pour sortir de leur isolement et revenir dans la société", dit-elle.
'Faire entendre notre cri'
Aucun chiffre n'existe sur le nombre des victimes d'attaque à l'acide en Iran, mais la presse en rapporte régulièrement.
En 2014, une série d'attaques à l'acide contre des femmes portant des vêtements "immoraux", selon certaines affirmations, ont provoqué une vague de protestations dans le pays.
Avant cela, le cas le plus connu fut celui d'Ameneh Bahrami, une jeune femme attaquée à l'acide après avoir refusé une demande en mariage.
La justice a condamné son agresseur à subir la loi du talion, c'est-à-dire une attaque à l'acide devant le rendre à son tour aveugle. Mais, au dernier moment, elle a choisi de lui accorder son pardon.
Parmi les victimes figurent aussi des hommes. Mohsen Mortazavi, un jeune Iranien, a ainsi été attaqué par un collègue jaloux de son travail.
Ses œuvres sont des auto-portraits fabriqués avec des bouts de bois appelés "moaragh". "J'ai voulu montrer le moment où ça s'est passé", affirme Mohsen, lunettes rectangulaires et casquette vissée sur le crâne.
"Nous voulions faire entendre à l'opinion publique notre voix et notre cri, le cri de ceux qui ont été brûlés comme nous (...). Le meilleur moyen qu'on a trouvé, c'était l'art", explique-t-il.
"C'est génial de voir comment cette exposition a permis à ces gens de revenir dans la société", affirme Zahra Safaie, une jeune Iranienne de passage à la galerie.
"Le fait qu'ils puissent utiliser leurs mains pour exprimer leurs sentiments (...), que leur visage (brûlé) perde de son importance et qu'ils prennent du plaisir, c'était très intéressant pour moi", dit-elle encore.
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