Les Etats-Unis ont appelé jeudi la Russie à faire pression sur le régime du président syrien Bachar al-Assad pour qu'il respecte le cessez-le-feu dans cette enclave, jugeant son échec "inquiétant".
"L'échec du cessez-le-feu fait douter de la détermination de la Russie à faire baisser la violence et négocier un règlement politique", a déclaré la porte-parole du Pentagone, Dana White, au cours d'un point de presse.
De leur côté, les forces syriennes et russes maintiennent la pression militaire sur cette zone d'une centaine de kilomètres carrés qui constitue le dernier bastion rebelle aux portes de Damas, leur trêve unilatérale controversée n'ayant toujours pas eu les conséquences humanitaires escomptées sur le terrain.
Le chef du groupe de travail humanitaire de l'ONU pour la Syrie, Jan Egeland, a toutefois dit espérer pouvoir livrer de l'aide à Douma, la plus grande ville de l'enclave rebelle, "d'ici quelques jours".
Il a estimé néanmoins que la pause de cinq heures décrétée lundi par la Russie, alliée du président Assad, n'était "pas suffisante".
Cette "pause" quotidienne de cinq heures a entraîné une baisse d'intensité des bombardements de l'aviation et de l'artillerie du régime qui ont tué au moins 613 civils en 11 jours, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Mais comme les deux derniers jours, les bombardements du régime ont repris jeudi à la fin de cette pause à 14H00 (12H00 GMT) selon l'OSDH, alors que des affrontements se poursuivaient entre régime et groupes rebelles.
Civils sous les décombres
"Les forces du régime ciblent les villes de Douma, Arbine, Harasta et Hammouriyé", tandis que dans le secteur d'Al-Marj, une ligne de front, les affrontements continuent entre le régime et Jaich al-Islam, l'une des principales factions rebelles, a indiqué l'OSDH.
Quant au couloir humanitaire établi au niveau du secteur d'Al-Wafidine, mis en place à la faveur de cette pause pour permettre l'évacuation des civils ou des blessés et l'entrée des aides, il est resté globalement vide pour la troisième journée consécutive.
Seuls deux Pakistanais, un septuagénaire et son épouse installés depuis des années en Syrie, ont été évacués mercredi, selon le Croissant-Rouge syrien.
L'armée russe a accusé jeudi les groupes rebelles d'empêcher les civils de quitter l'enclave.
"Ces trois derniers jours, les gens n'ont pas pu quitter la Ghouta orientale. Des formations armées illégales les ont pris en otage et ne les laissent pas partir", a indiqué l'armée russe dans un communiqué, affirmant que des "dizaines" de personnes avaient tenté de partir.
Ce que les rebelles ont démenti en soulignant, comme certains civils, que les habitants avaient peur de se retrouver aux mains du régime, ou de mourir sous les frappes.
Des combats au sol entre forces du régime et Jaich al-Islam ont eu lieu par ailleurs jeudi à Chifouniya, dans le nord-est de l'enclave largement détruite ces derniers jours.
"Il n'y a pratiquement pas de vie là-bas, la zone est complètement détruite et des civils sont ensevelis sous les décombres", a déclaré à l'AFP Siraj Mahmoud, porte-parole des secouristes des Casques blancs, qui opèrent en zones rebelles.
Mais le bilan humain de cette campagne lancée le 18 février a continué d'augmenter même après la "pause humanitaire", plusieurs corps ensevelis sous les décombres et inaccessibles sous le déluge de feu ayant été retirés ces derniers jours, outre des civils tués au quotidien.
Corps ensevelis
A Hazeh, une localité de la Ghouta orientale, une frappe aérienne a touché le 20 février un bâtiment, dont une partie s'est entièrement effondrée sur les sous-sols, où 21 personnes s'étaient réfugiées. Les secouristes ont réussi à retirer seulement six dépouilles jusque-là.
Selon les Nations unies, les trois quarts des habitations dans l'enclave rebelle ont été endommagées, tandis que des centaines de civils blessés ou malades ont besoin d'être évacués d'urgence.
Les quelque 400.000 habitants de l'enclave subissent au quotidien pénurie de nourriture et de médicaments, en raison du siège asphyxiant imposé par le régime.
Le régime, soutenu militairement par la Russie depuis 2015, cherche à reprendre coûte que coûte l'enclave rebelle d'où des obus sont tirés sur Damas.
Déclenché le 15 mars 2011 par la répression de manifestations pacifiques prodémocratie, le conflit en Syrie a fait plus de 340.000 morts et jeté à la rue des millions de personnes.
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