L'affaire a pris de fait une autre dimension depuis les aveux de Dino Scala lors de sa garde à vue lundi et mardi. "Il évalue le nombre de ses victimes à une quarantaine", avait déclaré mercredi le procureur de Valenciennes Jean-Philippe Vicentini.
Lors de son interpellation devant son domicile de Pont-sur-Sambre, les enquêteurs espéraient bien tenir celui qu'ils traquaient depuis pas moins de 22 ans, affublé du nom de code policier "le violeur de la Sambre".
C'est dans la vallée industrieuse de cette rivière franco-belge qu'il aurait en effet commis les 19 viols et agressions sexuelles relevant de l'information judiciaire ouverte en 1996. Avec un mode opératoire récurrent: les femmes étaient attaquées de dos, au petit matin, par un homme ganté et au visage couvert.
Ses aveux spontanés sur une quarantaine de faits au total ouvrent cependant aujourd'hui de nouvelles et vastes pistes, judiciaires et policières.
Sa prochaine audition devant un juge d'instruction valenciennois "dans trois semaines", comme l'a indiqué à l'AFP son avocat Jean-Benoit Moreau, ne portera certes, au plus, que sur les 19 affaires du dossier et il appartiendra éventuellement au parquet "d'étendre la saisine du juge d'instruction" à ces autres affaires. Le parquet de Valenciennes était injoignable jeudi, mais, compte tenu de ces aveux, il paraît difficilement envisageable de ne pas élargir l'enquête.
Ce rebondissement va aussi contraindre les enquêteurs à un intense travail d'investigation.
Après des révélations comme celles-là, "on tire sur les ficelles, on cherche à élucider, c'est très valorisant pour tout policier", explique une source policière locale.
"Ils vont essayer de sortir tous les dossiers similaires, présenter une photo aux victimes qui vont se manifester, comparer avec les ADN trouvés, les empreintes digitales, présenter au mis en cause plusieurs autres faits non élucidés… ", poursuit cette source. Et de détailler: "les éléments découverts à l'époque, placés sous scellés, vont être réexaminés avec les progrès de la technique, par exemple des vêtements sur lesquels on trouverait de l'ADN ou des empreintes. Cela ne prendra pas plusieurs années, mais quelque temps oui…".
Comme le résume aussi le directeur régional de la PJ, Romuald Muller, il y aura "peut-être autant de travail en aval qu'en amont" dans ce dossier qui a déjà généré un millier de procès-verbaux et donné lieu à une centaine d'interpellations. A la PJ, qui a travaillé avec l'Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP), on mise aussi sur la "médiatisation" de cette histoire pour que des victimes se manifestent.
Des victimes belges ?
Certaines viendront peut-être de Belgique.
C'est à la suite en effet d'une agression sexuelle le 5 février à Erquelinnes, commune frontalière de Jeumont (Nord) où il travaillait comme agent d'entretien chez Framatome, que la piste de Dino Scala a été remontée.
Ses aveux conduisent aujourd'hui le parquet de Charleroi à vouloir l'auditionner et récupérer son ADN, afin de la comparer à des traces ADN (liées à des délits ou crimes non résolus) recensées dans une banque de données belge, ce qui nécessite une demande d'entraide judiciaire européenne à la justice française.
"Je suis sur le point d'identifier certains dossiers sur lesquels baser cette demande", a déclaré à l'AFP Vincent Fiasse, procureur de division à Charleroi, soulignant que des cas remontaient à "une bonne dizaine d'années". Il a refusé cependant de confirmer des informations de presse selon lesquelles une dizaine de dossiers non résolus de viols, attouchements ou attentats à la pudeur pourraient être reliés à Dino Scala.
En août 2007, le quotidien belge Le Soir avait évoqué les attouchements subis par une adolescente de 15 ans six mois auparavant à Erquelinnes. Le mode opératoire correspondait à celui prêté à Dino Scala.
"Depuis 2004, six faits de viol ou d'attentat à la pudeur ont été enregistrés sur la zone de police locale Lermes (Lobbes, Erquelinnes, Merbes)", précisait alors Le Soir. "Mais grâce à des traces d'ADN découvertes en 2006, le lien a pu être effectué avec au moins une vingtaine de faits commis par le même individu dans le Nord de la France, depuis 1996".
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