Plus de 40 camions chargés d'aides n'ont pas pu pénétrer dans l'enclave assiégée depuis 2013, suscitant de nouveaux appels en faveur d'un cessez-le-feu conformément à une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU votée samedi et non suivie d'effet.
Une "pause" quotidienne de cinq heures annoncée lundi par la Russie, alliée du président Bachar al-Assad, a entraîné une baisse d'intensité des bombardements de l'aviation et de l'artillerie du régime qui ont tué plus de 600 civils en 11 jours, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Mais le couloir humanitaire au niveau du secteur d'Al-Wafidine établi, à la faveur de cette pause, pour permettre l'évacuation des civils ou des blessés et l'entrée des aides reste globalement vide pour la troisième journée consécutive.
Les seuls civils à quitter l'enclave rebelle ont été un Pakistanais septuagénaire et son épouse installés depuis 44 ans en Syrie et évacués mercredi, selon le Croissant-Rouge syrien.
Même si les bombardements sont moins intenses, ils continuent à tuer. Jeudi, des frappes du régime avant l'entrée en vigueur de la pause à 09H00 ont coûté la vie à sept civils, selon l'OSDH qui s'appuie sur un vaste réseau de sources dans le pays en guerre depuis 2011.
'Pratiquement pas de vie'
Des combats au sol ont également eu lieu à Chifouniya, dans le nord-est de l'enclave rebelle largement détruite ces derniers jours.
"Il n'y a pratiquement pas de vie là-bas, la zone est complètement détruite et des civils sont ensevelis sous les décombres", a déclaré à l'AFP Siraj Mahmoud, porte-parole des secouristes des Casques blancs, qui opèrent en zones rebelles.
Les frappes aériennes ont fortement diminué par rapport à la semaine dernière, lorsque la campagne aérienne sur l'enclave rebelle tuait chaque jour une centaine de civils dont de nombreux enfants.
Mais le bilan humain de cette campagne lancée le 18 février a continué d'augmenter même après la "pause humanitaire", plusieurs corps ensevelis sous les décombres et inaccessibles sous le déluge de feu ayant été retirés ces derniers jours, outre des civils tués au quotidien.
Selon l'OSDH, 611 civils dont quelque 150 enfants ont péri depuis cette date, et quelque 2.000 ont été blessés.
Dans Hazeh, une localité de la Ghouta orientale, une frappe aérienne a touché le 20 février un bâtiment, dont une partie s'est entièrement effondrée sur les sous-sols, où 21 personnes s'étaient réfugiées.
"J'ai laissé ma fille au sous-sol avec son mari et sa famille", a raconté Abou Mohamed, 60 ans. "Je suis revenu le lendemain, j'ai trouvé le bâtiment effondré et jusqu'à présent je n'ai pas trouvé ma fille".
Les secouristes ont réussi à retirer seulement six dépouilles jusque-là.
Selon les Nations Unies, les trois quarts des habitations dans l'enclave rebelle ont été endommagées, tandis que des centaines de civils blessés ou malades ont besoin d'être évacués d'urgence.
Les quelque 400.000 habitants de l'enclave subissent au quotidien pénurie de nourriture et de médicaments, en raison du siège asphyxiant imposé par le régime.
L'ONU et les organisations humanitaires ont fait valoir que la fenêtre de cinq heures était trop courte pour les livraisons d'aide. "Quand votre résolution sera-t-elle mise en oeuvre?" a lancé le secrétaire général adjoint aux Affaires humanitaires Mark Lowcock.
Couple pakistanais
Le régime et la Russie imputent l'impasse humanitaire actuelle aux factions rebelles contrôlant l'enclave, accusées d'empêcher les civils de quitter ou de tirer sur le passage.
Ce que les rebelles ont démenti en soulignant, comme certains civils, que les habitants avaient peur de quitter et de se retrouver aux mains du régime.
Au passage d'Al-Wafidine, des correspondants de l'AFP n'ont vu aucun mouvement jeudi.
Mais mercredi, un vieux couple pakistanais l'a emprunté pour quitter l'enclave. "C'est la seule évacuation qui a eu lieu", a affirmé à l'AFP Rami Abdel Rahmane, tout en soulignant qu'elle n'était pas liée à la trêve russe, mais qu'elle était le résultat de "négociations menées depuis longtemps par l'ambassade pakistanaise".
Mohamad Fadl Akram, 73 ans, a dû laisser ses deux fils et trois filles ainsi que 12 petits-enfants dans l'enclave rebelle. "Que Dieu les protège, je ne veux rien de plus".
Le régime, soutenu militairement par la Russie depuis 2015, cherche à reprendre coûte que coûte l'enclave rebelle d'où des obus sont tirés sur Damas.
Déclenché le 15 mars 2011 par la répression de manifestations pacifiques prodémocratie, le conflit en Syrie a fait plus de 340.000 morts et jeté à la rue des millions de personnes.
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