Londres affirme vouloir quitter le marché unique et l'union douanière. Dans le même temps, Theresa May veut négocier un accord qui réduirait autant que possible les droits de douane et les démarches administratives et souhaite un accès "sans friction au marché unique".
Un voeu pieux, selon Donald Tusk : "Soyons clairs: il ne peut y avoir de commerce sans friction en dehors de l'union douanière et du marché unique. La friction est un effet secondaire inévitable de #Brexit. Par nature", a-t-il tweeté jeudi avant de se rendre à Londres.
Lors de leur déjeuner de travail, Donald Tusk et Theresa May aborderont aussi la question sensible de l'Irlande, qui, après la sortie britannique du giron européen fin mars 2019 risque de voir renaître la frontière entre la république d'Irlande, membre de l'UE, et l'Irlande du nord, province britannique, qui sortira de l'UE après le Brexit.
Le Royaume-Uni comme l'Union européenne affirment vouloir éviter le rétablissement d'une frontière "dure". Il s'agit de préserver l'accord du Vendredi saint de 1998 qui a mis fin à trois décennies d'affrontements sanglants entre nationalistes et unionistes nord-irlandais en renforçant les liens entre les deux territoires.
Toutefois une frontière "dure" est "une conséquence possible" des "lignes rouges" tracées par Londres (pas de marché unique et pas d'union douanière), a averti M. Tusk.
L'UE a prévu un dispositif au cas où les propositions britanniques - qu'elle attend toujours - ne suffiraient pas pour éviter le retour de cette frontière physique. Il est prévu que soit mis en place "un espace règlementaire commun".
Promesses 'pas crédibles'
Mais Mme May a prévenu qu'elle n'accepterait "jamais" ces dispositions.
"Aujourd'hui à Londres, je demanderai si le gouvernement britannique a une meilleure idée", a rétorqué Donald Tusk.
Depuis le début des négociations, l'Union européenne a prévenu que Londres ne pourrait pas garder les aspects de l'UE qui l'arrangent et rejeter le reste tandis que le gouvernement britannique répète vouloir obtenir un "accord sur mesure".
A la tête d'un gouvernement déchiré entre partisans d'une rupture franche avec l'UE, comme le ministre des Affaires étrangères Boris Johnson, et défenseurs d'un maintien de liens forts avec les 27, comme le ministre des Finances Philip Hammond, Theresa May a convoqué les poids lourds de son gouvernement la semaine dernière afin que le gouvernement parle d'une seule voix.
Elle rencontrait jeudi matin les membres de son cabinet pour une réunion spéciale consacrée à son discours de vendredi. Mais tandis que Theresa May tente de mettre de l'ordre dans ses troupes, d'anciens Premiers ministres ont exprimé des voix dissonantes.
"Ce qu'elle pense, c'est qu'il est possible que l'Union européenne nous donne un accès aux marchés européens sans les mêmes obligations que le reste de l'Europe a dans le marché unique", a déclaré le travailliste Tony Blair jeudi matin, au micro de BBC Radio 4. "Ce n'est pas possible", a-t-il poursuivi, "cela n'arrivera pas".
Au sujet de l'Irlande, l'ancien Premier ministre trouve "non seulement décevant mais écœurant que les gens soient vraiment prêts à sacrifier la paix en Irlande du Nord sur l'autel du Brexit", pointant les partisans d'un Brexit dur, qui accepteraient l'idée d'une frontière pour sortir de l'impasse des négociations.
Mercredi, l'ancien Premier ministre conservateur John Major a appelé le gouvernement britannique à un peu de "réalisme", estimant que ses promesses n'étaient "pas crédibles".
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