Située le long d'une faille sismique, l'Italie tremble régulièrement, et au-delà d'une réelle expertise dans les secours d'urgence, elle a souvent du mal à prendre soin des sinistrés à plus long terme, comme ceux des séismes d'Amatrice et Norcia en 2016.
Après le tremblement de terre de L'Aquila, qui a fait plus de 300 morts et des milliers de sans-abri en avril 2009, Silvio Berlusconi, alors chef du gouvernement, a fait le choix de reloger tout le monde au plus vite à la périphérie de la ville.
Les premiers lotissements antisismiques sont sortis de terre six mois après le séisme et dès août 2010, ils hébergeaient 15.000 personnes.
Et ces sinistrés n'ont pas oublié la rapidité avec laquelle le gouvernement Berlusconi a agi, même si des familles ont dû être évacuées l'année dernière en raison de problèmes de structure dans leur lotissement.
"J'ai pleuré quand j'ai emménagé ici", raconte Pierluigi Lo Marco. Le 29 septembre 2009, il avait été parmi les premiers à recevoir, en présence de M. Berlusconi, un logement à Bazzano, l'un des 19 nouveaux quartiers.
Quartiers dortoirs
"Je remercie Dieu que, pour des raisons honnêtes ou non, il y ait eu quelqu'un pour me donner un toit", explique-t-il. "Je ne peux pas l'ignorer, ce serait hypocrite".
Aujourd'hui, plus de 10.000 personnes vivent encore dans les 4.449 appartements et 2.164 logements temporaires en bois, dans des quartiers dortoirs poussés en pleine campagne, isolés du reste de la ville, privés de commerces et laissés sans maintenance.
La plupart des habitants attendent toujours de pouvoir regagner leur logement dans le centre. Mais d'autres restent faute d'avoir les moyens de se loger ailleurs.
Dans le centre de L'Aquila, ouvriers, pelleteuses et grues s'activent et les élégants bâtiments d'époque Renaissance et baroque commencent à reprendre forme mais on est encore très loin d'un retour à la normale.
"La vie quotidienne n'est pas revenue dans cette ville", explique Francesca Aloisio, qui s'occupe de restaurer les façades de trois bâtiments de la vaste "zone rouge" que la municipalité ne considère pas encore comme sûre dans le centre.
La reconstruction n'a démarré dans le centre qu'en 2013, quatre ans après le séisme, et son organisation laisse à désirer. "Souvent un bâtiment est fait mais il n'est pas relié à l'eau, au gaz ou à l'électricité", explique Mme Aloisio. "Ou alors c'est un éléphant blanc" entouré de bâtiments en ruines.
Petits commerces absents
Et les petits commerces manquent cruellement: quelques bars et restaurants sont ouverts, mais les boulangers, les quincaillers, les épiciers ne sont pas revenus.
"Il y a des familles qui commencent à revenir mais il faut faire renaître le vrai centre-ville, cet endroit où on va à pied à l'école, à la pharmacie, à la banque ou à la poste", explique Pierluigi Biondi, maire de L'Aquila.
Pour M. Biondi, élu en juillet sous les couleurs de Fratelli d'Italia --un petit parti d'extrême droite allié à la droite de M. Berlusconi-- pour le scrutin du 4 mars, la principale perte est celle de "la classe moyenne productive, sans laquelle la zone s'appauvrit".
"Les pauvres et les personnes âgées n'ont pas quitté L'Aquila. Ce sont les employés du secteur public qui se sont fait muter ou les indépendants qui sont partis s'installer ailleurs", ajoute-t-il.
Paolo Nuzi, responsable régional d'une organisation de sauvegarde du patrimoine, est né et a grandi au coeur de L'Aquila et se réjouit de voir nombre de bâtiments renaître.
Mais pour lui, "c'est dur de vivre dans le centre-ville en ce moment. Il y a beaucoup de bruit et de poussière à cause de tous les travaux en cours. Et si nous ne rétablissons pas les services essentiels, je me demande à quoi cela sert de reconstruire".
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