Estimant que la collégienne était consentante, le parquet avait dans un premier temps renvoyé l'homme devant le tribunal correctionnel pour "atteinte sexuelle" mais le tribunal de Pontoise s'était déclaré incompétent à l'issue de l'audience, le 13 février, et avait demandé une nouvelle enquête. Le procès avait été reporté sine die.
Le parquet a par conséquent ouvert une information judiciaire pour "viol sur mineur de 15 ans", un fait passible de 20 ans de prison, et requis le placement sous contrôle judiciaire de l'homme mis en cause, qui doit être présenté prochainement à un juge d'instruction chargé de mener des investigations supplémentaires.
La mineure avait déposé plainte pour viol mais les enquêteurs et le parquet avaient dans un premier temps considéré que la relation était consentie dès lors que la jeune fille n'avait opposé aucune résistance.
Ce choix avait scandalisé des associations féministes et de protection de l'enfance. Le vif débat qui avait suivi a amené le gouvernement à annoncer un projet de loi instaurant un âge minimal de consentement.
L'ouverture d'un information judiciaire pour viol "est dans la logique du jugement du tribunal, qui s'était déclaré incompétent", a réagi auprès de l'AFP Carine Diebold, l'avocate de la jeune fille. "La famille est satisfaite car c'est ce qu'elle demandait mais aussi car cela signifie que la victime n'est pas complice de l'agresseur", a-t-elle ajouté.
La partie civile assure que la jeune fille s'est laissée faire non parce qu'elle était consentante mais parce qu'elle était dans un "état de sidération".
Le prévenu, aujourd'hui âgé de 29 ans, était poursuivi pour avoir eu, en avril dernier, une relation sexuelle avec la collégienne, qu'il avait déjà abordée à deux reprises les jours précédents.
L'un de ses avocats, Marc Goudarzian, avait soutenu lors de l'audience que l'atteinte sexuelle n'était même "pas caractérisée", puisque son client ignorait l'âge de la plaignante, qui a "l'apparence physique d'une fille qui a plus de 15 ans".
"Vous n'avez pas affaire à un prédateur sexuel sur une pauvre oie blanche" mais à "une adolescente, et une adolescente qui a une pratique de jeux sexuels et une attitude de mise en danger", avait affirmé son deuxième conseil, Sandrine Parise-Heideger.
Sollicité mardi, Me Gourdazian a indiqué qu'il n'était plus en charge du dossier. Sa consoeur n'était, elle, pas joignable dans l'immédiat.
En novembre, l'acquittement d'un homme de 30 ans, accusé du viol d'une mineure également âgée de 11 ans, avait fait grand bruit et nourri le débat sur les éventuelles insuffisances de la loi française.
Le gouvernement a annoncé son intention d'instaurer un âge minimum du consentement à un acte sexuel, qu'Emmanuel Macron souhaiterait voir fixé à 15 ans. De son côté, le procureur de la République de Paris, François Molins, a estimé dimanche qu'il serait "cohérent" de le fixer à 13 ans.
Le projet de loi qui doit fixer ce seuil est attendu en Conseil des ministres le 7 mars.
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