"On est des lanceurs d'alerte avant tout" avaient avancé les activistes mais pour la procureure, Christelle Dumont, "Greenpeace a franchi la bande rouge".
La magistrate a réclamé aussi une amende de 50.000 euros à l'encontre de l'ONG, représentée par le directeur général, Jean-François Julliard devant le tribunal correctionnel qui doit rendre son jugement dans la soirée.
"Jugez ces faits de grâce pour ce qu'ils sont: le franchissement d'une clôture et de deux grillages", a plaidé l'avocat de la défense, Alexandre Faro.
"Ils se battent pour des idées, ça ne mérite pas de la prison ferme", a-t-il souligné.
Les peines assorties du sursis ont été requises à l'encontre de six des activistes et du responsable de la campagne nucléaire de l'organisation écologiste, Yannick Rousselet, poursuivi pour complicité. Six mois ferme ont été demandés à l'encontre de deux autres militants, déjà condamnés pour s'être introduits dans une centrale nucléaire.
"Le débat (sur la sécurité des sites nucléaires), s'il est légitime, doit s'organiser en respect de la loi", a fait valoir la magistrate du parquet.
"J'assume ma responsabilité individuelle", avait lancé auparavant Coralie, à la barre.
La militante de 28 ans a rechigné à détailler la préparation de l'action, comme les six autres prévenus, deux femmes et quatre hommes, âgés de 28 à 58 ans. Un militant était absent, "en mer sur la flotte Greenpeace", selon Me Faro.
"On a seulement choisi le chemin le plus court pour arriver le plus vite. Malheureusement, ce n'est pas très sorcier", a déclaré Coralie sans plus de détails.
Poursuivis pour "intrusion en réunion et avec dégradation dans l'enceinte d'une installation civile abritant des matières nucléaires", les huit activistes encouraient cinq ans d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende.
"On a agi de manière collective. On n'avait pas de rôles précis, on était tous interchangeables", a ajouté un autre militant, Clément.
Le 12 octobre, à l'aube, les huit activistes de Greenpeace avaient été interpellés après avoir pénétré dans la centrale pour alerter sur la vulnérabilité des sites nucléaires.
Ils avaient diffusé sur le compte Twitter de l'organisation écologiste la vidéo d'un feu d'artifice qu'ils disent avoir tiré tout près du bâtiment abritant la piscine à combustibles.
La préfecture de Moselle et EDF avaient assuré pour leur part que les militants n'avaient pas accédé à la zone nucléaire.
"Si j'ai choisi cette action, c'est pour dénoncer un sujet grave. Greenpeace assume notre action car elle est légitime, non-violente. On est des lanceurs d'alerte", a développé Anne-Fleur, une brune aux cheveux courts.
"Vous êtes là pour le passage à l'acte (qui vous) engage pénalement, pas le motif", a répliqué la procureure, Christelle Dumont.
- 'Greenpeace assume' -
"Greenpeace assume l'organisation, la mise en oeuvre et la communication de cette action", a affirmé à la barre Jean-François Julliard.
"Mener une action illégale comme celle-ci n'est pas dans l'objet de notre association, mais notre devoir de lanceur d'alerte" oblige "à trouver le moyen de créer un débat public", a-t-il exposé.
Après une nouvelle intrusion de Greenpeace sur le site nucléaire de Cruas-Meysse (Ardèche) en novembre, une commission d'enquête parlementaire sur "la sûreté et la sécurité des installations nucléaires" a été créée.
Avant l'audience, 140 militants de Greenpeace avaient brandi des drapeaux de l'organisation écologiste devant l'hôtel de ville de Thionville.
"On a affaire à des militants qui font à leur niveau la guerre", a plaidé pour sa part l'avocat d'EDF, Me de Montbrial.
Réclamant plus de 700.000 euros de dommages et intérêts, il a dénoncé "l'escroquerie intellectuelle" de l'ONG qui s'identifie immédiatement lors de ses actions de manière à ne pas provoquer de riposte des forces de l'ordre.
"On a aujourd'hui des militants sains et saufs. Jusqu'au jour où...", a averti pour sa part le directeur de la centrale de Cattenom, Thierry Rosso.
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