Déjà mis en examen pour le meurtre de cette femme juive orthodoxe, le suspect Kobili Traoré "a été entendu aujourd'hui par le magistrat instructeur" qui a retenu cette circonstance aggravante, a indiqué à l'AFP une source judiciaire. Contacté par l'AFP, son avocat n'était pas joignable dans l'immédiat.
Durant la nuit du 3 au 4 avril, dans un HLM de l'est parisien, Kobili Traoré, 27 ans, s'était introduit dans l'appartement de sa voisine de 65 ans, Lucie Attal, aussi appelée Sarah Halimi.
Aux cris d'"Allah Akbar", entrecoupés d'insultes et de versets du Coran, le jeune homme l'avait rouée de coups sur le balcon, avant de la défenestrer. "J'ai tué le sheitan" (le démon, en arabe), avait-il hurlé.
La mort violente de cette femme avait ravivé le débat sur la persistance d'un antisémitisme dans les quartiers populaires sous l'effet d'un islam identitaire.
Interné aux lendemains du drame, Kobili Traoré avait été mis en examen le 10 juillet pour meurtre.
L'expertise psychiatrique, rendue en septembre, a conclu que le suspect avait été pris cette nuit-là d'une "bouffée délirante aiguë" après une forte consommation de cannabis, mais que ce trouble psychotique n'écartait pas sa responsabilité pénale et n'était "pas incompatible avec une dimension antisémite".
Le parquet et les parties civiles réclamaient de longue date que soit retenu le caractère antisémite dans cette affaire. Ces dernières avaient également émis le souhait d'une reconstitution.
Tournure politique
En janvier, face à l'absence de réponse de la juge, le parquet et les parties civiles avaient saisi la cour d'appel de Paris pour qu'elle tranche cette question: Sarah Halimi a-t-elle été "ciblée" en raison de son appartenance religieuse ?
La décision de la juge mardi a devancé l'examen de cette question par la chambre de l'instruction.
La juge avait par ailleurs refusé une reconstitution, au motif que le suspect reconnaissait les faits et qu'il demeurait "fragile", "surtout après une rechute" à l'hôpital psychiatrique. Cette demande doit encore être examinée par la chambre de l'instruction.
Les responsables juifs avaient vivement critiqué ces refus. "C'est une insulte à (la) mémoire" de Sarah Halimi "et une douleur supplémentaire pour ses enfants et sa famille", avait réagi le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Francis Kalifat.
L'affaire Sarah Halimi, un nom qui réveille le souvenir de l'assassinat antisémite d'Ilan Halimi par le "gang des barbares" en 2006, avait pris une tournure politique en juillet lorsque le président Emmanuel Macron avait réclamé à la justice "toute la clarté" sur les faits, en présence du Premier ministre israélien en visite à Paris.
"Tout laisse penser, dans ce crime, que le déni du réel a encore frappé", avaient accusé dans une tribune une quinzaine de personnalités, dont les philosophes Elisabeth Badinter et Alain Finkielkraut.
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