Dénonçant un "passage en force", la CGT-Cheminots, premier syndicat à la SNCF, envisage "un mois de grève" pour "faire plier le gouvernement". La CFDT (4e syndicat) propose une "grève reconductible à partir du 14 mars". L'Unsa (2e) opte aussi pour la grève. "Un mouvement dur", prévient SUD-Rail (3e).
Ces quatre syndicats représentatifs se réunissent mardi à 17H00 pour bâtir un front unitaire, au lendemain de l'annonce par le Premier ministre Édouard Philippe d'un recours possible aux ordonnances pour faire adopter "avant l'été" une réforme de la SNCF, dans "une situation alarmante" qui prévoit notamment la fin du statut de cheminot pour les nouvelles recrues.
Ils doivent être reçus jeudi par la ministre des Transports, Élisabeth Borne, dans le cadre d'une concertation prévue pour courir en mars et en avril.
"Pour faire plier le gouvernement, il va sans doute falloir un mois de grève", a dit au Parisien le secrétaire général de la CGT-Cheminots, Laurent Brun. "Nous allons relever le défi. On est sûrement parti pour l'un des plus importants mouvements sociaux de l'histoire de la SNCF", a-t-il prédit.
Dénonçant "une attaque sans précédent" contre les cheminots, la CFDT accuse le gouvernement de "priver tous les acteurs de la concertation nécessaire" en annonçant des ordonnances, ce qui démontre "qu'aucune négociation n'est envisagée, les décisions étant visiblement déjà prises".
L'Unsa proposera à l'intersyndicale une grève "avant le 22 mars", jour de mobilisation nationale dans la fonction publique, a indiqué à l'AFP son secrétaire général, Roger Dillenseger. La CGT, rejointe par SUD-Rail et l'Unsa, avait déjà appelé les cheminots à manifester ce jour-là, au côté des fonctionnaires à Paris.
Lors de la réunion, SUD-Rail proposera "un mouvement de grève dur", a averti Erik Meyer, son porte-parole, dénonçant "un chantage à l'ordonnance (...) pas de nature à établir un débat serein".
Vendredi, les syndicats avaient déjà annoncé la couleur: "en cas de recours à l'ordonnance, le gouvernement portera l'entière responsabilité d'un conflit majeur."
'Pas sous la pression'
"Je ne vais pas au conflit", a assuré le Premier ministre, lundi sur France 2. "J'ai bien entendu" les syndicats "qui considéraient que le recours aux ordonnances, prévu par la Constitution, était un +casus belli+ (...) Je dis simplement que nous devons avancer."
Mais dans son "nouveau pacte ferroviaire", le gouvernement prévoit notamment la fin du statut de cheminot: une autre "ligne rouge" aux yeux des syndicats.
"Face à ses concurrents, la SNCF ne peut pas rester la seule à recruter au statut", a justifié M. Philippe lundi, alors que le transport ferroviaire intérieur de voyageurs (TER, Intercités et TGV) doit être ouvert à la concurrence au plus tard fin 2023.
Ce statut, qui offre notamment la garantie de l'emploi et des augmentations de salaire automatiques, sera abandonné à partir d'"une date qui sera soumise à la concertation", a-t-il ajouté.
Il y a de la "place (pour) la concertation (...) Je comprends l'inquiétude" des syndicats, a affirmé mardi la ministre des Transports sur RMC et BFMTV .
Ainsi en avril, la phase de concertation avec syndicats et patronat cherchera à "identifier" les contraintes des métiers du rail et "voir celles qui doivent être traitées au niveau de la branche" ferroviaire et "celles qui relèvent de choix de l'entreprise", avait dit Mme Borne lundi.
"Concertation oui, mais pas n'importe comment, pas sous la pression (...) On va se défendre, on l'a toujours fait et on va continuer à le faire", a averti Didier Aubert de la CFDT.
Car "l'annonce de la fin du statut est vécue par les agents comme une vraie injustice et une vraie provocation", selon SUD-Rail.
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