Cette trêve intervient quatre jours après le vote par le Conseil de sécurité de l'ONU, au termes d'âpres discussions notamment avec Moscou, d'une résolution réclamant une trêve "sans délai" de 30 jours dans tout le pays. Elle n'avait pas été suivie d'effet les jours suivants.
Mardi matin, la situation a en revanche retrouvé un semblant de normalité, des habitants terrés dans des sous-sols quittant leurs abris pour inspecter leurs maisons et s'approvisionner en nourriture, ont rapporté des correspondants de l'AFP.
Selon un de ces correspondants à Douma, la plus grande ville du fief rebelle, ainsi que d'après l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), la nuit a été calme, à part quelques tirs d'artillerie ayant résonné juste avant l'entrée en vigueur de la trêve.
"Désormais, le calme règne", a assuré à l'AFP le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.
Dans la Ghouta orientale, région située à l'est de la capitale Damas, la pause humanitaire est censée être appliquée quotidiennement pendant cinq heures, entre 9H00 et 14H00 locales, selon Moscou, le grand allié du régime syrien.
Des "couloirs humanitaires" seront aussi mis en place pour permettre l'évacuation des civils, a affirmé lundi le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou.
'Une farce'
L'annonce russe et l'arrêt partiel des bombardements sont intervenus alors que l'ONU et plusieurs puissances occidentales avaient demandé l'application immédiate de la résolution du Conseil de sécurité adoptée samedi, restée lettre morte.
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, est attendu mardi à Moscou. La France et l'Allemagne avaient appelé ces derniers jours la Russie à exercer une "pression maximale" sur la Syrie en vue d'une application "immédiate" de la trêve.
L'Union européenne a également exigé un arrêt immédiat des hostilités pour permettre l'acheminement de l'aide humanitaire et les évacuations médicales.
Selon des habitants de l'enclave rebelle, dernière poche de résistance au régime de Bachar al-Assad aux portes de la capitale, cette décision constitue toutefois de la poudre aux yeux et une réédition du scénario observé fin 2016 à Alep, la grande ville du nord reprise par le régime.
"Cette trêve est une farce, la Russie nous tue tous les jours et nous bombarde tous les jours", affirme à l'AFP Samer al-Bouydani, un habitant de Douma.
"Je ne peux pas faire confiance à ses auteurs pour quitter (la Ghouta) avec ma famille (à travers les couloirs). C'est le régime qui nous tue, comment pourrais-je lui faire confiance? (...) Ensuite, si j'accepte de sortir, (le régime) m'enrôlera immédiatement dans l'armée pour combattre des Syriens", ajoute le jeune homme de 25 ans.
Mohammed Al-Abdullah, originaire de la localité de Hammouriyé, affirme que "cette trêve n'est pas dans l'intérêt du peuple".
"Nous avons deux options: mourir ou partir. La campagne menée jusque-là était une opération d'extermination, pas une offensive normale", avance ce jeune trentenaire, réclamant "une trêve permanente" "et l'ouverture de passages humanitaires (...) sous garanties internationales".
'Même scénario' qu'à Alep?
"Il ne peut y avoir de trêve de 30 jours suivie d'une nouvelle campagne d'extermination (...). Nous avons vu ce qui s'est passé à Alep (...), c'est le même scénario qui se répète", selon lui.
La Russie avait annoncé en 2016 plusieurs trêves humanitaires similaires durant les combats qui visaient à reconquérir la partie rebelle de la ville d'Alep. Des couloirs humanitaires avaient été mis en place, mais peu de civils les avaient empruntés.
Une offensive militaire de grande envergure avait pris le dessus sur la dernière pause humanitaire, se soldant en décembre 2016 par une défaite des rebelles et l'évacuation de milliers de combattants et de civils.
Assiégée depuis 2013, la Ghouta orientale et ses quelques 400.000 habitants subissent, en sus des bombardements, pénuries de nourritures et de médicaments.
Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), plus de 700 personnes ont besoin d'une évacuation médicale urgente, tandis que 12% des enfants âgés de moins de cinq ans souffrent d'une sous-alimentation sévère et un enfant sur trois d'un retard de croissance.
La dernière offensive menée par le régime et son allié russe a mis hors d'état plusieurs hôpitaux de l'enclave et engendré un bond des prix des aliments de première nécessité, y compris celui du pain, qui a été multiplié par 25 durant le mois de février, selon l'Ocha.
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