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Affaire Seznec: des ossements mais encore beaucoup de questions

La découverte d'os dans l'ancienne maison des Seznec à Morlaix (Finistère) relance une affaire criminelle vieille d'un siècle, mais les questions restent nombreuses pour espérer un jour lever entièrement le voile sur l'une des plus grandes énigmes judiciaires du 20e siècle.

Affaire Seznec: des ossements mais encore beaucoup de questions
Bertrand Vilain et l'ancien avocat de la famille Seznec, Denis Langlois, le 26 février à Landivisiau (Finistère) - Fred TANNEAU [AFP]

Contre toute attente et alors que, depuis 1924, quatorze demandes en révision du procès ont été rejetées, des fragments d'os, vraisemblablement humains, ont été trouvés ce week-end à la faveur de fouilles "privées" dans l'ancienne propriété de la famille Seznec.

Samedi, un fragment pouvant s'apparenter à une tête de fémur a été découvert en même temps qu'un morceau de pipe. Dimanche, c'est un autre bout d'os qui a été mis au jour, cette fois par les enquêteurs de la police qui ont pris le relais après les découvertes de la veille.

Ces ossements sont en cours d'expertise à Brest afin de déterminer avec certitude qu'ils sont bien d'origine humaine, a dit lundi le procureur de Brest, Jean-Philippe Récappé.

Ce n'est que s'il devait s'agir effectivement d'ossements humains qu'ils seront analysés plus en profondeur afin notamment d'en rechercher l'ADN. Ce travail s'annonce délicat.

"C'est moins le temps qui s'est écoulé depuis la mort que les conditions de conservation des os qui comptent", a expliqué à l'AFP Alain Stevanovitch, responsable du laboratoire de la police de Marseille référent dans l'analyse d'ossements. "Les os ont pu être très dégradés. Il y a des chances qu'il n'y ait plus d'ADN nucléaire", a souligné l'expert.

Même si l'ADN était identifié, il resterait encore à trouver un parent compatible pour effectuer une comparaison. "Le travail de recherche généalogique représente le gros du travail", a estimé M. Stevanovitch.

BAGNE À PERPETUITE

Près d'un siècle après la disparition de Pierre Quémeneur, conseiller général du Finistère, la découverte de ces fragments d'os a relancé une des plus retentissantes énigmes judiciaires en France, objet de téléfilms, d'une pièce de théâtre et d'écrits divers.

Sans preuves et sans aveux, Guillaume Seznec a été condamné en 1924 au bagne à perpétuité pour le meurtre un an plus tôt de Pierre Quémeneur avec lequel il était associé en affaires, ainsi que pour des faux en écriture. Mais le corps du conseiller général n'a jamais été retrouvé.

C'est pour tenter d'élucider cette énigme qu'un ancien avocat de la famille, Denis Langlois, et l'auteur d'un livre sur l'affaire, Bertrand Vilain, ont lancé des fouilles dans un ancien cellier de la maison où l'élu aurait, selon eux, été tué involontairement par l'épouse du condamné après des avances.

"On n'a pas creusé n'importe où au hasard, on a creusé à cet endroit-là parce qu'on avait un témoignage", a souligné lundi à l'AFP Betrand Vilain, se disant "persuadé que ce sont les restes de Pierre Quémeneur" qui ont été retrouvés ce weekend.

Mais seuls un descendant de Guillaume Seznec ou la justice sont en mesure de demander la révision du procès.

"Aujourd'hui, on est dans une situation où la famille Seznec n'a plus tellement besoin de présenter une demande en révision, ça s'impose de soi-même, il y a des éléments nouveaux", a estimé Denis Langlois, 78 ans. "Les autorités judiciaires peuvent très bien déposer une demande en révision", a assuré l'ancien avocat, pour qui "l'affaire Seznec, ce n'est pas un combat uniquement historique", mais aussi "un combat d'actualité", celui de la lutte contre les erreurs judiciaires.

Pendant longtemps, la thèse de MM. Langlois et Vilain, selon laquelle c'est l'épouse de Guillaume Seznec qui aurait involontairement tué Quémeneur, n'a pas semblé plausible à la famille Seznec.

Côté autorités judiciaires, rien ne dit qu'une demande en révision sera déposée. "Si on me dit avec l'ADN que c'est des ossements de Pierre Quémeneur, la seule chose que je puisse répondre, c'est que l'affaire a déjà été jugée", a dit lundi le procureur de Brest, estimant qu'il y a "quand même des éléments importants qui laissent à penser qu'il a largement participé aux faits".

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