Les frappes aériennes, qui ont fait plus de 550 morts depuis le 18 février dans cette enclave assiégée, semblent toutefois avoir baissé d'intensité, même si des accusations d'attaques chimiques ont été évoquées avec 14 cas de suffocation.
Faisant fi d'une résolution de l'ONU, qui a réclamé samedi une trêve de trente jours en Syrie pour distribuer des aides humanitaires et évacuer les blessés les plus graves, le régime a mené lundi raids aériens et tirs d'artillerie sur la Ghouta.
Ces bombardements ont coûté la vie à 17 civils, dont neuf personnes d'une même famille: ils ont péri sous les décombres de leur maison, touchée par des frappes nocturnes sur Douma, principale ville de la Ghouta, a rapporté lundi l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
"Certains corps sont encore sous les gravats", a précisé le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé à ce que la trêve soit "immédiatement appliquée", pour "alléger les souffrances du peuple syrien". Il avait jugé que la Ghouta orientale était devenue "l'enfer sur Terre".
Plus de 550 civils ont été tués dans la campagne aérienne du régime qui, selon l'OSDH et un média pro-étatique, a été lancée en prélude à une offensive terrestre pour reconquérir ce dernier bastion rebelle aux portes de la capitale.
'Dramatique'
Appuyé par son indéfectible allié russe, le régime a recours aux bombes, barils d'explosifs et obus. Son opération est d'une rare intensité, même pour un pays déchiré depuis 2011 par un conflit qui a fait 340.000 morts et provoqué une grave crise humanitaire.
La représentante de la diplomatie européenne Federica Mogherini a réclamé lundi une application immédiate de la trêve, alors que "la situation sur le terrain se détériore de façon dramatique, en particulier du point de vue humanitaire".
Dans la Ghouta orientale, les mêmes scènes tragiques se répètent au quotidien.
Des familles entières terrées dans les sous-sols, pour échapper au déluge de feu. Des secouristes et un personnel médical dépassé, des enfants au visage piqueté de blessures, des hommes à la tête et aux jambes bandées, allongés sur les lits d'hôpitaux bondés. Des immeubles à la façade éventrée, hauts de plusieurs étages, le long des rues jonchées de décombres et de voitures ruinées.
Depuis l'adoption de la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU, qui réclame une trêve "sans délai", M. Abdel Rahmane assure que "les bombardements ont baissé d'intensité par rapport au pic de violence de la semaine dernière".
"Les frappes visent moins de zones civiles et se concentrent plus sur les fronts", précise-t-il, ajoutant que des combats au sol dans le sud de la Ghouta "se poursuivent avec une intensité irrégulière" depuis dimanche.
Gaz de chlore
Par le passé, plusieurs cessez-le-feu temporaires ont été adoptés pour tenter de parvenir à une trêve en Syrie. Leur entrée en vigueur et leur respect peuvent parfois prendre du temps, et souvent ils finissent par voler en éclats.
Le président français Emmanuel Macron a exprimé lundi ses "vives préoccupations" sur la poursuite des bombardements.
La France et l'Allemagne avaient appelé dimanche Moscou à exercer une "pression maximale" sur la Syrie, en vue d'une application "immédiate" de la trêve. Paris dépêchera mardi en Russie son ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian.
Dimanche soir, 14 cas de suffocation, dont celui d'un enfant, qui est décédé, ont été rapportés par l'OSDH, dans une localité de la Ghouta, cible d'un bombardement du régime.
Un médecin ayant soigné les patients, le Dr Yaacoub, a évoqué auprès de l'AFP des "soupçons d'utilisation d'armes chimiques, probablement une attaque au gaz de chlore".
Selon lui, "une odeur de chlore" se dégageait "des vêtements et de la peau de la plupart des patients", souffrant "de difficultés respiratoires et d'irritations au niveau des yeux et de la peau".
Un responsable du puissant groupe rebelle Jaich al-Islam, Mohamed Allouche, a accusé sur son compte Twitter le régime d'avoir utilisé du "gaz de chlore".
Mais le ministère russe de la Défense a immédiatement pointé du doigt les insurgés, assurant qu'ils prévoyaient "un recours à des substances toxiques afin d'accuser les forces gouvernementales d'utiliser des armes chimiques contre la population civile", selon un communiqué.
Entre-temps, les patients d'un hôpital de la Ghouta ont reçu dimanche soir les premiers soins. Parmi eux, des enfants respirant les yeux fermés dans un masque à oxygène et des bébés en pleurs.
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