Les mille délégués du parti démocrate-chrétien (CDU) se réunissent en congrès à partir de 10H00 (09H00 GMT) à Berlin.
Objectif principal: valider le contrat de coalition négocié aux forceps au début du mois entre le mouvement, son allié bavarois CSU et les sociaux-démocrates, après plus de quatre mois de valse-hésitation dans un paysage politique éclaté suite aux législatives de septembre.
Le prix politique payé par la chancelière pour cette alliance - la seule à même de constituer une majorité à la chambre des députés - est élevé.
Pour convaincre un SPD très hésitant, Angela Merkel a accepté de lui céder le ministère des Finances, perçu comme garant de rigueur budgétaire en Allemagne et en Europe par les conservateurs.
"La concession de trop", a souligné une des figures de la CDU, Wolfgang Bosbach, résumant le sentiment de l'aile droite du mouvement, en guerre contre le cap trop centriste à ses yeux de la chancelière.
Lancinantes depuis l'ouverture controversée en 2015 des frontières de l'Allemagne à plus d'un million de migrants, plus audibles après sa victoire étriquée aux législatives de septembre, les critiques en interne contre la politique de la chancelière ont redoublé avec cet accord gouvernemental.
Pour désamorcer l'ire de l'aile droite en vue du congrès, la chancelière a annoncé dimanche soir promouvoir leur chef de file, Jens Spahn, dans le prochain gouvernement à un poste de ministre, celui de la Santé.
Sa présence doit refléter le fait que "le parti est pluriel", a-t-elle dit.
A 37 ans, l'opposant le plus visible en interne à la ligne Merkel juge que la CDU est devenue trop "social-démocrate".
Affichant sa proximité idéologique et générationnelle avec le jeune chancelier autrichien Sebastian Kurz, qui gouverne avec l'extrême droite dans son pays, Jens Spahn réclame un virage conservateur, notamment sur les questions identitaires et d'immigration.
Un changement de cap rejeté par Angela Merkel, qui entend maintenir son parti au centre de l'échiquier.
Succession
Face aux demandes de renouvellement de la CDU, celle qui est au pouvoir depuis plus de 12 ans a aussi promis un gouvernement plus jeune et surtout posé les jalons de sa succession.
Angela Merkel veut nommer comme numéro deux du mouvement une fidèle, Annegret Kramp-Karrenbauer, qui doit être confirmée lundi. Une manière de la placer en orbite pour préparer l'après-Merkel à l'issue du prochain mandat de la chancelière.
Proche de la chancelière, cette femme de 55 ans, surnommée par ses initiales "AKK", peut aussi constituer un pont avec l'aile droite du mouvement. Même si sa rivalité future avec Jens Spahn est déjà programmée.
Catholique, celle qui jusqu'ici dirigeait le petit Etat régional de Sarre affiche des positions plus conservatrices qu'Angela Merkel sur les questions de société comme l'avortement ou le mariage pour tous.
Ces geste suffiront-ils à apaiser durablement les frondeurs de la CDU ?
La promotion de Jens Spahn pourrait se révéler un cadeau empoisonné, en l'obligeant au silence par le devoir de réserve imposé aux ministres. "C'est la pire punition imaginable", a ironisé le président de l'AfD Jörg Meuthen.
Les cinq autres futurs ministres CDU pressentis par Angela Merkel, au cas où les militants du SPD approuvent la coalition début mars, lui sont tous fidèles.
Parmi eux, Ursula von der Leyen conservera le portefeuille de la Défense, Peter Altmaier prendra en charge l'Economie et l'Energie, et Julia Klöckner l'Agriculture.
Un des rebelles de la CDU, Carsten Linnemann, s'est félicité du geste d'Angela Merkel à leur égard. "Les débats des dernières semaines ont commencé à porter leurs fruits", a-t-il dit au groupe de presse régional Funke.
Mais tous attendent encore un changement du programme du parti. Il faut "aux côté des idées chrétiennes-sociales et, sur le plan économique, libérales, donner à nouveau plus de poids à nos racines conservatrices sur les valeurs", a déclaré une autre contestataire, Sylvia Pantel, au quotidien Handelsblatt.
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