Alors qu'un médecin a fait état de cas de suffocation, de nouvelles accusations d'attaque chimique ont été lancées par un groupe rebelle qui a pointé du doigt le régime, mais Moscou, allié indéfectible de Damas, a réfuté ces allégations.
Le régime a poursuivi dimanche ses raids aériens sur l'enclave rebelle aux portes de Damas --même s'ils étaient moins intenses que les jours précédents-- au lendemain d'une résolution du Conseil de sécurité qui exige un cessez-le-feu d'un mois en Syrie, pour distribuer de l'aide humanitaire et évacuer des blessés dans un pays ravagé depuis 2011 par une guerre meurtrière.
L'Iran, autre grand allié du président Bachar al-Assad, a prévenu que l'offensive, qui vise selon Téhéran des groupes "terroristes", allait se poursuivre.
Les forces du régime ont lancé le 18 février une intense campagne aérienne contre la Ghouta orientale, qui est le prélude, selon un média prorégime, à une offensive terrestre pour reconquérir cette région.
Cette campagne du régime est d'une rare violence, même à l'échelle d'un pays déchiré par un conflit qui a fait 340.000 morts.
Chaque jour, les correspondants de l'AFP ont assisté aux mêmes scènes: des corps alignés dans les morgues d'hôpitaux de fortune, des enfants en pleurs et le visage ensanglanté, des secouristes à bout de force, enveloppés dans des nuages de poussière grise et qui tentent de dégager des victimes des décombres.
'Soupçons d'armes chimiques'
Dimanche, 14 cas de suffocation ont été rapportés après un bombardement du régime, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui a précisé que parmi eux figurait un enfant qui est décédé.
Un médecin a évoqué auprès de l'AFP des "soupçons d'armes chimiques, probablement une attaque au gaz de chlore".
"Une odeur de chlore se dégage des vêtements et de la peau de la plupart des patients. Beaucoup ont des difficultés respiratoires et des irritations au niveau des yeux et de la peau", a-t-il précisé.
Un responsable du puissant groupe rebelle Jaich al-Islam, Mohamed Allouche, a accusé sur son compte twitter le régime d'avoir utilisé du "gaz de chlore".
Mais le ministère russe de la Défense a pointé du doigt les insurgés, assurant qu'ils prévoyaient "un recours à des substances toxiques afin d'accuser les forces gouvernementales d'utiliser des armes chimiques contre la population civile", selon un communiqué.
Si dimanche les raids aériens du régime se concentraient moins sur les zones d'habitation civiles et visaient davantage les secteurs de combats, 14 civils, dont trois enfants, ont cependant péri dans le pilonnage, selon l'OSDH.
Ces dernières victimes portent le bilan total depuis le 18 février à plus 530 civils tués, dont au moins 130 enfants.
Selon le directeur de l'OSDH Rami Abdel Rahmane, des combats au sol entre forces du régime et rebelles ont eu lieu dans le sud de l'enclave, "les plus violents depuis le début du mois".
Par le passé, plusieurs cessez-le-feu temporaires ont été adoptés en Syrie. Leur entrée en vigueur et leur respect par les belligérants peuvent parfois prendre du temps, et elles finissent souvent par voler en éclats.
'Trahison'
La chancelière allemande Angela Merkel et le président français Emmanuel Macron ont appelé dimanche Moscou à exercer une "pression maximale" sur la Syrie en vue d'une application "immédiate" de la résolution de l'ONU, a-t-on annoncé de source officielle à Berlin.
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, devait d'ailleurs se rendre mardi à Moscou, selon l'Elysée.
De son côté, le pape François a lancé "un appel pressant pour que cesse immédiatement la violence". "En ces journées, mes pensées sont souvent tournées vers la Syrie aimée et martyrisée", a-t-il déploré.
La résolution de l'ONU prévoit des exceptions au cessez-le-feu pour les combats contre divers groupes jihadistes, mais elles peuvent donner lieu à des interprétations contradictoires car Damas qualifie tous les rebelles de "terroristes".
Assiégés depuis 2013, les quelque 400.000 habitants de la Ghouta orientale vivent au quotidien des pénuries de nourritures et de médicaments, et sont désormais terrés dans les sous-sols.
Leur région est pourtant une des quatre "zones de désescalade" instaurées en Syrie et censées garantir localement une trêve des combats.
Sur le terrain, le vote de la résolution a laissé les habitants de marbre.
"On ne peut faire confiance ni à la Russie, ni au régime, nous sommes habitués à leur trahison", indique Abou Mazen, un habitant de Douma, réfugié dans une cave.
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