Les autorités ont de nouveau interdit ces marches organisées après la messe à l'appel d'un collectif d'intellectuels proche de l'église, qui a le soutien de l'influent épiscopat congolais.
Les deux précédentes marches à l'appel de ce "comité laïc de coordination" avaient été réprimées à balles réelles, les 31 décembre et 21 janvier. Bilan: une quinzaine de morts d'après l'Église et les Nations unies, deux selon les autorités.
Les forces de sécurité se sont fixé cette fois-ci "l'objectif zéro mort", selon le chef de la police de Kinshasa, le général Sylvano Kasongo.
"J'ai dit aux policiers de ne pas tirer sur la population civile", a déclaré cet officier, visé par une plainte pour "assassinat" par les proches d'une victime de la répresssion du 21 janvier.
"J'espère seulement qu'il n'y aura pas des morts cette fois", disait dès vendredi à l'AFP un haut magistrat militaire congolais.
Internet coupé ?
Les Congolais redoutaient également une nouvelle coupure internet lors de cette journée de mobilisation, comme ce fut le cas les 31 décembre et 21 janvier.
La RDC interdit toute manifestation politique de l'opposition depuis les journées sanglantes de septembre 2016, quand les manifestants ont commencé à demander le départ du président Kabila à la fin de son deuxième et dernier mandat le 20 décembre 2016.
Depuis, M. Kabila, 46 ans, est toujours en place. Des élections initialement prévues fin 2017 ont été reportées au 23 décembre 2018. L'opposition accuse le président Kabila de tout faire pour rester au pouvoir.
Les catholiques, soutenus par l'opposition et une partie de la société civile, veulent "barrer la route à la présente dictature", pour "des élections libres, transparentes et apaisées".
Les organisateurs de la marche interpellent aussi les membres de la communauté internationale "afin qu'ils aillent au-delà des condamnations de principe, car ils sont des témoins non seulement du blocage du processus électoral par le président Kabila, mais aussi des atrocités et de la barbarie qui émaillent ce processus".
Vendredi, l'Union européenne, la Suisse et le Canada ont rappelé dans un communiqué conjoint "l'importance du respect des libertés fondamentales, en particulier de la liberté de manifester et de la liberté de culte".
La marche de dimanche aura valeur de test pour la nouvelle responsable de la Mission des Nations unies au Congo, Leïla Zerrougi, qui vient de prendre ses fonctions.
Les organisateurs ont reçu le soutien de 85 intellectuels francophones qui ont demandé aux autorités de la République démocratique du Congo de "faire preuve de retenue".
Depuis 1960
La journée de dimanche a été précédée de tensions samedi, quand des jeunes se réclamant du parti présidentiel PPRD ont envahi l'enceinte de la cathédrale Notre-Dame de Kinshasa, reprochant aux paroisses catholiques d'être devenues des cénacles politiques.
Ancienne colonie belge, la RDC est le plus grand pays francophone et n'a jamais connu d'alternance démocratique depuis son indépendance en 1960.
Cet immense pays-continent est grand comme quatre fois la France et peuplé de 70 à 90 millions d'habitants selon les estimations. La RDC est le premier fournisseur mondial de cobalt brut, l'un des minerais les plus prisés au monde par les fabricants de batteries nouvelle génération. Malgré les richesses minérales du pays, la population congolaise est majoritairement pauvre.
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