Le vote attendu vendredi au Conseil de sécurité sur une trêve d'un mois en Syrie a été repoussé à samedi 17H00 GMT après plusieurs reports, alors que l'instance internationale reste divisée sur le conflit meurtrier qui ravage la Syrie depuis près de sept ans.
Des négociations ont été menées pendant plusieurs heures pour éviter un veto de la Russie, allié indéfectible du régime de Bachar al-Assad auquel elle apporte un soutien militaire crucial dans la guerre, et un nouveau texte de résolution prévoyant un cessez-le-feu immédiat a été mis au point.
En attendant le vote à l'ONU, l'aviation et l'artillerie du régime ont ciblé la Ghouta orientale pour le septième jour consécutif, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), affirmant que l'aviation russe a participé aux raids sur cette région assiégée depuis 2013. Moscou a démenti plus tôt cette semaine son implication dans les frappes.
Au moins 21 civils ont été tués dans les bombardements, après des frappes intenses nocturnes qui ont provoqué des incendies dans des quartiers résidentiels, a précisé l'ONG.
A Douma, principale ville de la Ghouta orientale, violemment bombardée dans la matinée, plusieurs corps dont ceux d'enfants ont été transportés dans une clinique de fortune, a constaté un correspondant de l'AFP. Enveloppés dans des couvertures, ils ont été placés dans une pièce transformée en morgue.
"Vous ne pouvez pas imaginer ce qui se passe dans la Ghouta", lance avec colère à l'AFP un habitant, Salem.
"Nous attendons de l'Europe et de l'Amérique, qui se soucient de la vie d'un chat et d'un chien, qu'ils réagissent alors que des centaines de civils meurent sous les bombes syriennes, russes et iraniennes au vu et au su de tous".
'Arrêtez la tuerie' !
"Comment le Conseil de sécurité ne parvient-il pas à adopter une simple résolution pour cesser le feu contre les civils?" a-t-il demandé. "Nous ne voulons pas que vous nous donniez à manger ou à boire. Juste arrêtez la tuerie"! a-t-il crié.
Cette nouvelle campagne aérienne dévastatrice a été lancée le 18 février par le régime en prélude à une offensive terrestre pour reprendre ce dernier fief contrôlé par les rebelles aux portes de Damas, un bastion du pouvoir.
Depuis, 492 civils ont été tués, dont 116 enfants et des dizaines de femmes, et plus de 1.600 blessés dans les bombardements du régime, selon un nouveau bilan provisoire de l'OSDH.
Tous les jours, des corps sont évacués des décombres et le bilan ne cesse de s'alourdir, a dit l'ONG.
Le bruit des violents bombardements sur la Ghouta orientale a été entendu jusque tard dans la nuit dans les quartiers de l'est de Damas, limitrophes du fief rebelle, selon un correspondant de l'AFP.
En représailles aux raids, les rebelles ont tiré des roquettes sur la capitale Damas, a indiqué l'agence officielle Sana sans faire état de victimes. Depuis le 18 février, une vingtaine de personnes ont péri dans les tirs de roquettes, selon les médias officiels.
Soumis à un siège asphyxiant depuis 2013 par le régime, les quelque 400.000 habitants de la Ghouta subissent au quotidien pénuries de nourriture et de médicaments.
Même scénario
Le scénario dans la Ghouta s'était déjà déroulé dans plusieurs fiefs rebelles, dont Alep en 2016, écrasée par des bombardements et le siège pour forcer les insurgés à déposer les armes.
Les principaux groupes rebelles contrôlant la Ghouta orientale, Jaich al-Islam et Faylaq al-Rahmane, ont rejeté toute évacuation de civils et de combattants.
Cette campagne militaire utilisant bombes, barils d'explosifs et obus est d'une rare intensité, même pour un pays ravagé depuis 2011 par une guerre qui a fait plus de 340.000 morts.
Jeudi, le représentant syrien à l'ONU, Bachar Jaafari, a réitéré la position du régime, déterminé à reprendre coûte que coûte l'ensemble du territoire, y compris la Ghouta. "Oui la Ghouta orientale deviendra un nouvel Alep", a-t-il martelé.
Déclenché en 2011 par la répression de manifestations pacifiques pro-démocratie, le conflit en Syrie qui a opposé d'abord les rebelles au régime, s'est complexifié avec l'implication de groupes jihadistes et de puissances étrangères.
Grâce à l'appui militaire de Moscou, le régime a renversé la donne en multipliant les victoires face aux rebelles et aux jihadistes, jusqu'à reprendre le contrôle de plus de la moitié du territoire.
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