Pour les élections législatives du 4 mars, il a effacé le mot "Nord" du nom de son parti et fait campagne tous azimuts, dans l'espoir affiché de dépasser son allié de droite Silvio Berlusconi, avec qui il a signé un programme de gouvernement en dix points. Il espère bien lui ravir la direction d'un futur gouvernement, même si les sondages lui donnent quelques points de retard et ne garantissent pas une majorité à la coalition.
L'"autre Matteo", qui aura 45 ans le 9 mars, est arrivé à la tête de son parti en décembre 2013, au moment même où Matteo Renzi -- jeune et volubile comme lui -- s'emparait du Parti démocrate (centre gauche).
Mais si Renzi est florentin, Salvini est milanais. Il est né et a grandi dans la capitale lombarde, fils d'un chef d'entreprise et d'une mère au foyer: collège catholique, scoutisme et les dimanches partagés entre la messe, le repas chez les grands-parents et les matches du Milan AC.
Il adhère à la Ligue du Nord en 1990, à l'âge de 17 ans, attiré par le slogan "Je suis Lombard, je vote Lombard", par le charisme du fondateur Umberto Bossi et par le caractère "révolutionnaire" de ce parti "redouté par le pouvoir", a-t-il raconté.
Il partage sa jeunesse entre les réunions politiques, les expéditions de collage d'affiches, les bancs de la fac qu'il fréquente sans conviction ni persévérance (sciences politiques puis lettres, puis histoire) et les petits boulots (livreur de pizza, employé dans une sandwicherie au coeur de Milan).
En 1993, à l'âge de 20 ans, il est élu conseiller municipal à Milan. Puis il devient journaliste au quotidien La Padania et à la radio Padania Libera, deux organes proches de la Ligue du Nord, où son aisance orale s'affirme encore. Et en 2004, cet eurosceptique entre au Parlement européen.
A mesure que son étoile personnelle monte, son parti s'enfonce dans la crise. Umberto Bossi devient certes plusieurs fois ministre de Silvio Berlusconi, mais il est diminué par une attaque cérébrale en 2004 puis balayé par un scandale de détournement de fonds publics en 2012.
C'est dans ce contexte que Matteo Salvini prend la tête d'un parti en pleine débandade, qui n'a pu faire mieux que 4% aux législatives de 2013.
Fédéraliste
Au grand dam d'une frange originelle de la Ligue du Nord, il change le discours, délaissant les ambitions sécessionnistes au profit d'un discours fédéraliste et tournant vers Bruxelles les diatribes que son mentor Bossi lançait contre le gaspillage et les diktats de Rome. Le discours plaît: très vite, la Ligue grimpe à 12-14% dans les sondages.
Désormais allié avec le Front national français, admirateur affirmé de Vladimir Poutine et de Donald Trump, il s'en prend avec virulence aux immigrés --qu'il appelle "clandestins"--, à l'islam, à l'euro... Sans pour autant partager le centralisme et le caractère, à son goût trop laïc, du parti de Marine Le Pen.
Aux accusations de racisme, il réplique: "Hypocrites ! J'ai le droit et le devoir de ne pas me taire et de crier que l'immigration sans frein est un danger et que l'islam n'est pas une religion de paix. Et que l'intégration a échoué".
'Communiste à l'ancienne'
"Je me sens plus de gauche que Renzi. Je suis communiste à l'ancienne, je connais plus d'usines que ces gens qui ne fréquentent que des banquiers", raille-t-il aussi.
Avec son aplomb et ses sweat-shirts frappés de slogans comme "l'Italie aux Italiens" ou "#Renziacasa" (Renzi rentre chez toi), ce barbu un peu rond et toujours en colère devient omniprésent dans les médias.
Mais c'est surtout sur les réseaux sociaux qu'il martèle son message: à ses 640.000 abonnés sur Twitter et plus de 2 millions sur Facebook, il envoie à longueur de journée des commentaires, des vidéos à chaud, des photos de ses activités, de ses rencontres, de ses repas... Avec un ton direct qui ne s'embarrasse pas du politiquement correct.
Il lui arrive aussi d'évoquer sa fierté devant ses deux enfants, 14 ans et 5 ans, nés de deux unions différentes. Mais il se fâche quand la presse l'interroge sur ses amours apparemment compliquées avec une journaliste politique.
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