Face aux révélations sur le sort des femmes dans l'industrie du cinéma, le premier grand festival de l'année en Europe s'est posé comme "un forum" avec pour ambition de donner une "impulsion".
Un certain nombre d'initiatives ont été lancées parmi lesquelles la campagne "Speak Up!" pour combattre le harcèlement sexuel dans le cinéma en Europe, et dans les autres grands festivals.
Un début de polémique a toutefois pesé sur le début de la Berlinale: une actrice sud-coréenne avait critiqué les organisateurs pour avoir invité le réalisateur Kim Ki-Duk, qu'elle accusait de l'avoir giflée et forcée à tourner des scènes de sexe improvisées.
Face à la presse, le réalisateur a rejeté ces attaques en revenant longuement sur cette affaire, sur laquelle la justice coréenne s'est prononcée.
Côté films, le festival accueillant oeuvres d'auteur et productions plus grand public a vibré dès son ouverture avec "L'île aux chiens" de Wes Anderson ("Grand Budapest Hotel"), pour la quatrième fois en lice pour l'Ours d'or.
Avec cette nouvelle incursion dans l'animation après "Fantastic Mr Fox" (2009), le réalisateur américain rend hommage au cinéma japonais: son film se déroule dans un Japon fantasmé, où les chiens n'ont plus le droit de cité.
Les voix des chiens sont assurées par un parterre de célébrités, de Bill Murray à Tilda Swinton, en passant par Bryan Cranston de la série "Breaking bad".
En dehors de ce bijou futuriste, doublé d'un message politique sur la tolérance, la Berlinale a collé au plus près du réel lors de sa 68e édition.
Inspiré du réel
Sur les 19 films en compétition, beaucoup s'inspiraient d'histoires vraies (le vol d'oeuvres d'art dans un grand musée de Mexico dans "Museo") ou de personnages réels, comme Gus Van Sant avec son biopic sur un dessinateur tétraplégique et alcoolique ("Ne t'inquiète pas, il n'ira pas loin à pied"), le portrait intime de l'actrice Romy Schneider ("Trois jours à Quiberon") ou l'évocation de l'écrivain russe Dovlatov dans le film éponyme.
Dans la catégorie "films inspirés de faits réels", le plus gros choc est venu de "U- 22 juillet", qui porte à l'écran la tuerie perpétrée en 2011 par un néo-nazi norvégien qui fit 69 morts, principalement parmi des adolescents.
Le film suit Kaja, une adolescente fictive qui tente d'échapper au massacre, dans un plan-séquence de 72 minutes (soit le temps exact de la tuerie).
Réalisé en accord avec des survivants et des proches de victimes, le film n'a laissé personne indifférent. Il récolte la deuxième meilleure note d'un panel de critiques pour la revue spécialisée "Screen", après le Wes Anderson.
Chouchou des festivals, le Philippin Lav Diaz a emballé une partie de la critique avec "Season of the devil", son "opéra rock" en quatre heures et en noir et blanc sur une milice à l'époque de l'ex-dictateur Ferdinand Marcos.
Enfin, malgré la présence de seulement quatre réalisatrices en compétition, les femmes ont été à l'honneur à l'écran, notamment dans "Las Herederas", portrait d'une femme au Paraguay qui cherche un second souffle ou "Figlia mia", un drame italien sur l'adoption.
C'est au jury dirigé par le réalisateur allemand Tom Tykwer ("Cours, Lola, cours") de départager les films, avec à ses côtés notamment l'actrice belge Cécile de France, la productrice de "Moonlight" Adele Romanski et le compositeur japonais Ryuichi Sakamoto.
Le palmarès de la Berlinale sera vu comme un test pour son président Dieter Kosslick, contesté après 17 ans à la tête du festival, suite à une lettre de plusieurs réalisateurs allemands. Il a déjà annoncé qu'il ne briguerait un nouveau mandat après 2019.
L'an dernier, la Berlinale avait surpris en récompensant le très poétique film hongrois "Corps et âme", actuellement en lice pour l'Oscar du meilleur film étranger.
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