Depuis dimanche, 462 civils, dont 103 enfants, ont péri selon une ONG dans de violents raids aériens et tirs d'artillerie incessants menés par l'armée du président Bachar al-Assad contre cette vaste région près de Damas, devenue un "enfer sur Terre" selon les termes du patron de l'ONU Antonio Guterres.
Prévu ce vendredi, le vote au Conseil de sécurité de l'ONU a été repoussé à deux reprises, et devrait maintenant avoir lieu à 19H30 GMT, les négociations se poursuivant pour éviter un veto de la Russie, allié indéfectible du régime syrien, a indiqué une source diplomatique à New York.
Faisant fi des appels internationaux, le régime a de nouveau bombardé l'enclave assiégée de la Ghouta orientale, à coups de bombes, de barils d'explosifs et d'obus, faisant vendredi 32 morts dont six enfants, selon un nouveau bilan de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Cette campagne aérienne est d'une rare intensité, même pour un pays ravagé depuis 2011 par une guerre qui a fait plus de 340.000 morts. Elle prélude à une offensive terrestre de l'armée pour reprendre la Ghouta selon un média proche du pouvoir et l'OSDH.
A Douma, principale ville du fief rebelle, des habitants se sont aventurés dans les rues pour acheter à manger pour leurs familles terrées dans les sous-sols, ou s'enquérir de la santé de proches, selon un correspondant de l'AFP. Mais ils ont dû courir à la recherche d'un abri après de nouveaux tirs de roquettes.
Dans un hôpital de la ville, les secouristes ont transporté un jeune garçon, blessé à l'oeil, le visage couvert de sang. "Est-ce que je vais voir à nouveau?" demande-t-il au médecin.
'Cesser le massacre'
Soumis à un siège asphyxiant depuis 2013 par les forces du régime, les quelque 400.000 habitants de la Ghouta subissent au quotidien pénuries de nourriture et de médicaments.
Le Conseil de sécurité doit voter sur un projet de résolution amendé demandant un cessez-le-feu de 30 jours dans toute la Syrie, destiné notamment à distribuer de l'aide humanitaire et permettre des évacuations médicales dans la Ghouta orientale.
Le chef de la diplomatie Sergueï Lavrov a critiqué le projet de résolution. "Personne ne peut répondre à la question de savoir si les combattants respecteront cette trêve".
Dans une course contre la montre pour obtenir un arrêt du bain de sang, le président français Emmanuel Macron et la chancelière allemande Angela Merkel ont adressé un courrier commun au président russe Vladimir Poutine pour lui demander d'approuver le projet de résolution.
Pour l'Union européenne, "le massacre doit cesser maintenant".
Mais cette effervescence diplomatique est loin de convaincre dans la Ghouta orientale dévastée et meurtrie.
"L'ONU se dit préoccupée et demande un cessez-le-feu mais au final ils nous ont rien apportés", lâche Abou Moustafa, un habitant de Douma. "Au quotidien, il y a des frappes, des destructions, c'est à faire pleurer les pierres, chaque jour quelqu'un perd un proche".
Selon l'OSDH, l'aviation de la Russie, qui aide militairement le régime dans le conflit, participe aux frappes sur la Ghouta, ce que Moscou dément.
La Ghouta est le dernier bastion des rebelles aux portes de Damas, d'où les combattants tirent régulièrement des obus sur la capitale, fief du régime. Ces bombardements ont fait près d'une vingtaine de morts depuis dimanche.
Vendredi, un hôpital de Damas a été touché par des bombardements rebelles, causant des dommages, selon l'agence officielle Sana.
'Nouvel Alep'
Le scénario qui se déroule dans la Ghouta n'est pas sans rappeler ce qui s'est passé dans plusieurs fiefs rebelles, dont la ville d'Alep en 2016, écrasée par des bombardements et un siège asphyxiant pour forcer les combattants antirégime à déposer les armes.
Les principaux groupes rebelles contrôlant la Ghouta orientale, Jaich al-Islam et Faylaq al-Rahmane ont rejeté toute évacuation de civils et de combattants.
Jeudi, le représentant syrien à l'ONU, Bachar Jaafari, a réitéré la détermination du régime à reconquérir l'ensemble du territoire, y compris la Ghouta. "Oui la Ghouta orientale deviendra un nouvel Alep".
Pour Aron Lund, expert au think-tank américain Century Foundation, reprendre la Ghouta ou une partie du secteur serait une "grande victoire symbolique pour le gouvernement syrien".
Déclenché en 2011 par la répression de manifestations pacifiques pro-démocratie, le conflit en Syrie qui a opposé d'abord les rebelles au régime, s'est complexifié avec l'implication de groupes jihadistes et de puissances étrangères.
Grâce à l'appui militaire de Moscou, le régime qui était en mauvaise posture a renversé la donne en multipliant les victoires face aux rebelles et aux jihadistes, jusqu'à reprendre le contrôle de plus de la moitié du territoire.
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