Au terme d'un comité interministériel rassemblant dans la matinée une dizaine de membres du gouvernement, dont Nicole Belloubet (Justice), Gérard Collomb (Intérieur), Jean-Michel Blanquer (Education) et Laura Flessel (Jeunesse), le Premier ministre, en déplacement dans le Nord depuis jeudi, doit dévoiler à la mi-journée un "plan national de prévention de la radicalisation", promis en octobre par Emmanuel Macron qui comportera une soixantaine de mesures, selon Matignon.
Le volet le plus attendu concerne les prisons; c'est la violente agression d'un surveillant par un détenu radicalisé à Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais) qui avait déclenché le vaste mouvement de protestation des gardiens en janvier.
Sur près de 70.000 détenus en France, 512 personnes sont actuellement incarcérées pour des faits de terrorisme. Par ailleurs, 1.139 prisonniers de droit commun ont été identifiés comme "radicalisés".
Le gouvernement veut prévenir la "contagion". Selon des sources gouvernementales, le Premier ministre doit annoncer des mesures renforçant "l'étanchéité" entre les détenus radicalisés et les autres, ainsi qu'une meilleure détection et répartition, pour décongestionner les maisons d'arrêt d'Ile-de-France où sont incarcérés 60% des détenus poursuivis pour actes de terrorisme.
Avant la réunion gouvernementale, Mme Belloubet doit se rendre tôt vendredi matin dans la prison voisine de Lille-Annoeullin, où se trouve un quartier pionnier de prise en charge de la radicalisation. Une des pistes pour éviter que les cadres prosélytes des réseaux jihadistes n'entrent en contact avec les détenus de droit commun.
Concernant les mineurs de retour de zones de guerre jihadiste, le Premier ministre devrait notamment lancer le chantier de la professionnalisation des personnels amenés à prendre en charge des "lionceaux du Califat" de retour de Syrie ou d'Irak après avoir été embrigadés par l'organisation Etat islamique.
Au dernier pointage officiel, 68 mineurs, en quasi-totalité de moins de 13 ans, sont de retour en France. Quelque 500 seraient encore au Levant.
'désengagement'
Mais l'exécutif a aussi pris soin de développer un large volet de prévention, conscient que la "déradicalisation" ou, vocable plus prudent, le "désengagement", s'avèrent très difficiles.
Les difficultés des autorités françaises à trouver une parade efficace avaient été symbolisées par l'échec du premier centre de "déradicalisation", en Indre-et-Loire, qui n'avait accueilli personne car il était basé sur le volontariat.
Sur un volet éducatif, outre des mesures de soutien à la laïcité à l'école et d'éducation aux médias (anticomplotisme...), l'exécutif devrait confirmer son soutien à une proposition venue du Sénat de durcir les conditions d'ouverture d'établissements scolaires hors contrat, afin de combattre l'émergence de structures islamistes.
En appui de la campagne "Stop Jihadisme" lancée en 2016, l'exécutif réfléchit aussi à des dispositifs de contre-discours plus ciblés, ou encore à mieux coordonner les alertes sur la radicalisation dans les structures psychiatriques.
Un volet du plan doit également favoriser une meilleure détection des cas de radicalisation, chez les élèves, parmi les fonctionnaires ou encore dans le sport, selon des sources proches de l'exécutif.
Après la présentation du plan à la préfecture de Lille, Edouard Philippe doit clore son déplacement nordiste vendredi après-midi dans une usine près de Roubaix et sur le campus de l'Edhec, la grande école de commerce lilloise.
Aux côtés du ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian et du secrétaire d'Etat Jean-Baptiste Lemoyne qui pilotent le commerce extérieur français depuis le Quai d'Orsay, il doit annoncer des mesures pour relancer les exportations françaises, gros point noir de l'économie nationale, en favorisant notamment l'apprentissage de l'anglais et en instaurant des guichets uniques.
Le déficit commercial français s'est nettement dégradé en 2016 et 2017, pour atteindre 62,3 milliards d'euros l'an dernier.
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