Les grands projets de l'UE pour se réinventer après le retrait britannique, dont le président français Emmanuel Macron s'est fait l'un des hérauts, vont être confrontés aux dures questions d'argent et de souveraineté.
Après avoir fait face à des défis inédits ces dernières années, en matière de sécurité intérieure ou d'accueil de migrants, l'UE est prête à se doter des moyens financiers pour y répondre à l'occasion de son prochain "Cadre financier pluriannuel" (CFP).
"Le budget de l'UE a toujours été un sujet qui crée des divisions. Cela le restera avec le départ du Royaume-Uni, il y aura peut-être un peu moins de divisions", a ironiquement noté un haut responsable européen sous couvert de l'anonymat.
Mais se pose la question du financement de ces nouvelles mesures alors que le budget de l'UE va perdre l'un des ses principaux contributeurs, soit environ 10 milliards d'euros par an selon le Conseil européen, l'instance qui regroupe les Etats membres.
Selon une autre source européenne, il s'agit d'un "exercice inédit" pour le Conseil puisque la Commission européenne ne mettra ses propositions sur la table que début mai. Sous la forme d'une "discussion politique" qui doit fournir quelques pistes à l'exécutif européen.
Pour ce budget post-2020 --le CFP actuel court sur 7 ans: de 2014 à 2020--, l'idée de la Commission est de décider des priorités, puis d'ajuster le budget en conséquence.
Il faudra faire des choix, a d'ores et déjà prévenu Bruxelles. L'essentiel du budget de l'UE, environ 70%, est pour l'instant consacré aux piliers historiques de l'Union: la politique de cohésion, visant à permettre aux régions les plus pauvres de rattraper leur retard, et la politique agricole commune (PAC).
"Il y a les pays qui ne veulent pas payer plus et ceux qui ne veulent pas recevoir moins", a résumé le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker.
Selon le haut responsable européen, la plupart des Etats membres sont d'accord pour soutenir l'idée d'une augmentation de leur participation, mais "ceux qui sont sceptiques ou contre sont très déterminés".
"Le débat se concentrera sur les priorités mais une discussion sur les ressources est inévitable", a-t-il estimé.
Futur agenda
Le départ du Royaume-Uni soulève un débat au sein de l'UE sur son avenir, et les 27 ont d'ailleurs déjà prévu de se retrouver en mai 2019 à Sibiu (Roumanie), pour préparer leur futur "agenda stratégique" pour la période 2019-2024.
Le sommet de Sibiu, sous présidence roumaine, se tiendra juste avant l'élection d'un nouveau Parlement européen et la formation d'une nouvelle Commission, dont le président, successeur de l'emblématique Jean-Claude Juncker, sera nommé par le Conseil avec l'aval des eurodéputés.
Cet agenda "sera notre contribution pour la prochaine Commission. Alors nous devrons voir qui est la meilleure personne pour l'appliquer, et qui pourra aussi obtenir le soutien de la majorité du Parlement", a expliqué une autre source européenne.
Or le Parlement actuel vient de lancer un message très clair aux 27 Etats membres, exigeant que le candidat qu'ils choisiront en 2019 pour diriger l'exécutif européen soit l'une des "têtes de liste" (ou "Spitzenkandidat" selon le terme allemand qui s'est imposé dans les institutions) sélectionnées par les partis politiques européens.
Les dirigeants des 27 "n'ont pas besoin d'avoir un conflit grave avec le Parlement" à propos des "Spitzenkandidaten", mais ils ne souhaitent pas rendre une telle règle automatique, a expliqué le haut responsable européen.
Le président Macron, dont l'opposition à cette procédure est connue, suivra attentivement aussi les discussions sur les listes transnationales aux élections européennes, idée toutefois enterrée par le Parlement pour le scrutin de 2019.
M. Macron doit par ailleurs présenter à ses homologues les "débats citoyens" sur l'avenir de l'UE qu'il entend mettre en place, une des mesures phares de sa campagne, qui a été bien reçue par la quasi totalité des Etats membres.
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