La Cour administrative fédérale se réunit à partir de 10H00 GMT à Leipzig (est) et devrait rendre un arrêt de principe dans la journée.
Concrètement, elle doit décider si les autorités ont l'obligation, pour protéger l'air, d'interdire dans certaines zones les véhicules diesel les plus polluants, majoritairement responsables des émissions d'oxydes d'azote qui favorisent les maladies respiratoires et cardiovasculaires.
Sont concernés quelque 9,4 millions de véhicules diesel aux normes les plus anciennes, Euro 5 et Euro 4, immatriculés en Allemagne.
Pour la puissante industrie automobile allemande, une telle mesure serait désastreuse. La seule perspective de telles interdictions a déjà accéléré la chute des ventes de voitures diesel dans le pays qui a inventé cette technologie. Leur part de marché est passée de 48% en 2015 à 39% environ en 2017.
Mais les défenseurs de l'environnement voient les choses autrement: il s'agit tout simplement pour la Cour de permettre "aux gens dans les villes allemandes de respirer de l'air pur d'ici la fin de l'année", estime Jürgen Resch, qui dirige la Deutsche Umwelthilfe (DUH).
Dans le viseur de Bruxelles
Selon l'Office fédéral de l'environnement, quelque 70 villes allemandes présentaient encore des taux de dioxyde d'azote supérieur au seuil annuel moyen de 40 microgrammes/m3 en 2017. Munich, Stuttgart et Cologne sont les plus mauvaises élèves.
La Commission européenne menace de son côté Berlin de poursuites pour son inaction.
L'organisation environnementale DUH avait saisi les tribunaux pour forcer des dizaines de communes allemandes, dont Stuttgart (sud) et Düsseldorf (ouest), à durcir leur réponse à la pollution de l'air.
Enjoints en première instance d'envisager des interdictions de circulation des véhicules les plus polluants dans leurs capitales respectives, les Etats régionaux du Bade-Wurtemberg (sud-ouest) et de Rhénanie-du-Nord-Westphalie (oust) se sont tournés vers la Cour fédérale administrative, qui doit désormais arbitrer.
Si elle confirme les jugements de Stuttgart et Düsseldorf, les Etats régionaux concernés devront mettre en place des interdictions sur mesure.
Et la Cour enverra aussi un signal clair, à même de faire pression sur Berlin et les industriels pour qu'ils passent à la vitesse supérieure dans la lutte contre la pollution.
Le gouvernement sortant a jusqu'à présent mis sur pied un fonds d'un milliard d'euros pour aider les villes à développer leur réseau de transports publics ou encore leur flotte de véhicules électriques.
Les constructeurs allemands (Volkswagen, Daimler, BMW) ont pour leur part entamé une mise à jour logicielle de millions de véhicules diesel pour en réduire les émissions polluantes, dans le sillage du scandale aux moteurs truqués de VW, et mis en place des primes à l'achat de véhicules plus propres.
Lourde facture
Des mesures jugées toutefois insuffisantes.
"Nous estimons qu'une décision en faveur d'une interdiction de circulation accélèrerait grandement la modernisation" en profondeur des véhicules concernés, souligne le dirigeant de la DUH.
Les constructeurs freinent jusqu'ici des quatre fers. Pour le patron de la marque Audi (groupe Volkswagen) Rupert Stadler, les mises à jour des logiciels suffisent à elle seules à "réduire en moyenne jusqu'à 30% les émissions de dioxyde d'azote".
Des changements plus radicaux, comme l'installation de nouveaux catalyseurs, ne seraient "pas beaucoup plus efficaces" et prendraient également "énormément de temps", affirme-t-il dans un entretien au journal des affaires Handeslblatt mercredi.
Un avis pourtant mis en doute par de nombreux experts. Jusqu'au lobby automobile allemand ADAC lui même, qui a publié mardi une étude en faveur d'une modernisation en profondeur des moteurs.
Mais la mesure prendrait des années, et s'annonce coûteuse: au moins 7,6 milliards d'euros selon l'analyste Arndt Ellington de la banque Evercore ISI, cité par le journal.
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