"Ne comptez pas sur l'Unité démocratique ni sur le peuple pour valider ce qui, jusqu'à présent, n'est qu'un simulacre frauduleux et illégitime d'élection présidentielle", a annoncé dans un communiqué la MUD, la principale coalition opposition.
Le scrutin du 22 avril "n'est qu'un show du gouvernement pour simuler une légitimité dont il ne dispose pas, tandis que les Vénézuéliens souffrent et agonisent", a ajouté Angel Oropeza, le coordinateur de la MUD au cours d'une conférence de presse.
Parmi les principales exigences des adversaires du gouvernement figurent la présence d'observateurs internationaux "indépendants", la tenue du scrutin au "deuxième semestre 2018", la désignation d'un Conseil national électoral "équilibré ", le vote des Vénézuéliens de l'extérieur et un égal accès aux médias, selon le texte.
La MUD laisse la porte ouverte à une participation si ces conditions venaient à être acceptées par le camp présidentiel.
Nicolas Maduro, élu en 2013, fait face à un taux d'impopularité de 75%, en raison notamment de l'effondrement économique du Venezuela, un pays pétrolier frappé par de graves pénuries de médicaments et d'aliments.
Mais en avançant la date de l'élection présidentielle, qui s'était tenue jusqu'ici en fin d'année, le chef de l'Etat a réussi à déstabiliser l'opposition, déjà affaiblie et divisée. Désormais sans adversaire de poids, il semble assuré de décrocher un second mandat, jusqu'en 2025, selon les analystes.
Sous son air bonhomme et son imposante moustache brune, cet ancien chauffeur d'autobus de 55 ans, moqué et critiqué à ses débuts, tient fermement depuis 2013 les rênes de ce qui fut un riche pays pétrolier.
'Coup de grâce'
L'héritier politique du défunt Hugo Chavez a réaffirmé mercredi qu'il cherchera la réélection avec ou sans opposition. Pour l'heure, il n'a face à lui que deux "petits" candidats déclarés: le pasteur évangélique Javier Bertucci et l'opposant Claudio Fermin, qui ne fait pas partie de la MUD.
"Maduro se trouve sans doute au moment où il est le plus faible, mais il puise sa force dans l'affaiblissement, les erreurs et le manque de cohésion et de cohérence de l'opposition. C'est ce qui lui donne de l'oxygène", déclare à l'AFP Félix Seijas, directeur de l'institut de sondage Delphos.
La décision de la coalition d'opposition de boycotter l'élection présidentielle intervient après deux semaines de débats et de consultations entre la vingtaine de partis qui la composent.
Une partie de la communauté internationale, notamment l'Union européenne et la Colombie, a prévenu qu'elle ne reconnaîtrait pas les résultats de cette élection, que Washington juge "ni libre, ni juste".
Mais l'unité qui avait fait la force de la MUD aux législatives de fin 2015, lui permettant de remporter une victoire historique qui avait mis fin à une hégémonie chaviste de près de vingt ans, n'est plus.
Certaines figures de l'opposition, comme l'ex-président du Parlement Henry Ramos Allup, ne cachent pas leurs ambitions présidentielles, tandis qu'un dissident du chavisme, Henri Falcon, semble décidé à participer au scrutin. Aucun des deux n'était présent mercredi à la conférence de presse.
"Si la MUD n'a pas de plan, si dans les deux prochains mois elle échoue à mobiliser la société civile, je pense qu'elle va disparaître", tranche M. Seijas.
Le camp présidentiel pourrait porter le "coup de grâce" à l'opposition, selon l'expression de Félix Seijas. Le chef de l'Etat a en effet appelé mercredi à avancer les législatives de 2020 au 22 avril prochain, alors que le Parlement est le seul organe de pouvoir contrôlé par l'opposition dans ce pays en crise.
Ce nouveau bouleversement du calendrier électoral devrait être proposé prochainement à l'Assemblée constituante, institution dotée de pouvoirs élargis et uniquement composée de fidèles du président.
Depuis l'arrivée de l'opposition aux manettes de l'Assemblée nationale, en janvier 2016, les chocs avec les autres pouvoirs - de l'exécutif au judiciaire en passant par l'autorité électorale - ce sont multipliés, accentuant la crise politico-économique dans ce pays au bord du gouffre. Une vague de manifestations quasi-quotidiennes entre avril et juillet s'est soldée par plus de 125 morts.
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