"C'est avec une très vive émotion que le président de la République a appris la mort en opération de deux militaires tués ce matin au Mali dans l'attaque à l'engin explosif improvisé de leur véhicule blindé", a annoncé l'Élysée dans un communiqué.
Le président français Emmanuel Macron "adresse à leurs familles et à leurs proches ses plus sincères condoléances" et "tient à saluer le courage des militaires français engagés au Sahel", conclut le communiqué.
Quelque quatre mille militaires français sont déployés au Sahel pour l'opération antijihadiste Barkhane. Ces deux décès portent à douze le nombre de militaires français tués depuis le lancement de Barkhane, à l'été 2014.
Le 18 juin 2017, un soldat français est mort dans un accident pendant une opération aéroportée dans le nord du Mali. La précédente mort au combat d'un soldat de Barkhane remontait au 5 avril 2017, quand un caporal-chef du 6e régiment du Génie d'Angers a péri dans un accrochage avec des jihadistes dans le sud-est du Mali.
Devant l'Assemblée nationale, la ministre des Armées, Florence Parly, a également fait part mercredi de sa "très vive émotion" à l'annonce de la mort de ces deux soldats français du 1er régiment de spahis (cavalerie) de Valence (sud-est), à qui les députés ont rendu hommage, debout, par de longs applaudissements.
La ministre précise dans un communiqué que l'incident s'est produit dans le cadre d'une "vaste opération de contrôle de zone dans une région frontalière du Mali avec le Niger".
Engins explosifs piégés
Sur place, le responsable d'un groupe armé signataire de l'accord de paix de 2015 a précisé à l'AFP que l'attaque s'était produite "sur l'axe Ansongo-Menaka, à hauteur d'Indelimane", une information ensuite confirmée par les Forces armées maliennes (FAMa).
C'est dans cette zone dite "des trois frontières" que doit se jouer la bataille entre les jihadistes et la force conjointe du G5 Sahel, organisation régionale regroupant ces pays, la Mauritanie et le Tchad, épaulée par la force française Barkhane et la Mission de l'ONU au Mali (Minusma).
Malgré l'accord de paix au Mali de 2015, les violences ont non seulement persisté, mais se sont propagées du nord vers le centre et le sud, puis au Burkina Faso et au Niger.
Le G5 Sahel a donc réactivé en 2017 son projet de force conjointe, pour laquelle il a recueilli plus de 250 millions d'euros et espère d'autres engagements lors d'une conférence prévue vendredi à Bruxelles.
L'Union européenne, qui a déjà promis 50 millions d'euros, devrait annoncer lors de cette réunion qu'elle portera son aide à 100 millions d'euros, ont indiqué mercredi plusieurs sources à l'AFP.
Le regain d'activité des jihadistes prouve qu'ils prennent au sérieux la menace des armées de la région, selon plusieurs responsables, dont le président malien Ibrahim Boubacar Keïta.
Mardi matin, des membres du "Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans", principale alliance jihadiste du Sahel, liée à Al-Qaïda, ont attaqué le poste des FAMa de Tessit, également dans la région d'Ansongo, a par ailleurs indiqué sur Twitter le député Karim Keita, fils du président malien.
Selon lui, les assaillants, arrivés à bord de cinq véhicules et de motos, ont perdu cinq hommes L'armée malienne a précisé que huit de ses hommes, ainsi qu'un civil, avaient été blessés lors de cette attaque.
Au Sahel, les groupes jihadistes évitent en général l'affrontement direct avec Barkhane, sa redoutable puissance de feu et sa couverture aérienne et privilégient la pose d'engins explosifs piégés sur les pistes empruntées par les militaires.
Bien que depuis 2013 les groupes liés à Al-Qaïda ont été dispersés et en grande partie chassés du nord du Mali, des zones entières du pays échappent au contrôle des forces maliennes, françaises et de l'ONU (Minusma), régulièrement visées par des attaques, malgré la signature en mai-juin 2015 d'un accord de paix censé isoler définitivement les jihadistes.
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