Ce faisant, le dirigeant a rejeté une médiation unique des Etats-Unis dans le processus de paix au Proche-Orient, dans l'impasse depuis des années.
"Il est essentiel de créer un mécanisme multilatéral grâce à une conférence internationale" pour avoir la paix au Proche-Orient, a-t-il dit, sans préciser où elle se tiendrait.
Cette conférence réunirait Israéliens et Palestiniens, les cinq permanents du Conseil de sécurité, le Quartette (Etats-Unis, Russie, Union européenne et ONU) et des pays de la région.
"Aidez-nous!", a imploré le président palestinien aux 15 membres du Conseil de sécurité. Il a ensuite quitté la salle sous les applaudissements, n'assistant ni à l'allocution de l'ambassadrice américaine Nikki Haley, ni à celle de son homologue israélien, Danny Danon.
Son départ a été déploré par les deux diplomates. "Nous n'allons pas vous courir après !", a lancé Nikki Haley, qui avait en janvier accusé le dirigeant palestinien de manquer de courage.
Lors de sa longue et rare intervention devant la plus haute instance de l'ONU, le président palestinien a demandé aux 55 pays n'ayant pas reconnu l'Etat de Palestine sur les 193 composant les Nations unies de le faire.
"Nous reviendrons au Conseil de sécurité et demanderons à avoir cette protection" d'une reconnaissance pleine et entière d'un Etat. "Reconnaître l'Etat de Palestine ne va pas contre des négociations" mais les favorise, a-t-il insisté.
Veto américain
La Palestine est depuis 2012 "Etat observateur non membre" de l'ONU, ce qui lui a permis d'intégrer des agences onusiennes et de rejoindre la Cour pénale internationale (CPI). Un statut de membre passe par une recommandation du Conseil de sécurité à l'Assemblée générale de l'ONU, sans veto des Etats-Unis, premier soutien d'Israël.
Tout en restant mesuré dans son expression à l'égard de Washington, le président palestinien a aussi dénoncé les décisions unilatérales comme la reconnaissance fin 2017 des Etats-Unis de Jérusalem comme capitale d'Israël, sous le regard fixe de Nikki Haley, les bras croisés.
"Nous voulons que Jérusalem soit ouverte aux trois religions monothéistes", a souligné Mahmoud Abbas, en réclamant que Jérusalem soit aussi la capitale du futur Etat palestinien.
M. Abbas rejette une médiation unique de l'administration américaine depuis cette décision américaine sur Jérusalem, dont il a demandé mardi "la suspension".
"Cette décision ne changera pas", lui a répondu sèchement l'ambassadrice américaine. Elle a reproché à l'ONU de passer "trop de temps" à parler du Proche-Orient et de mettre en cause systématiquement la responsabilité d'Israël, "le pays le plus démocratique du Moyen-Orient", dans l'absence de progrès.
L'allocution de Mahmoud Abbas n'apporte "rien de neuf", a réagi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Dans un communiqué, il a jugé que le président palestinien "continuait de fuir la paix".
'Dialogue'
"Nous n'avons jamais refusé le dialogue", a affirmé devant le Conseil de sécurité le président palestinien, en estimant que "Israël s'est détourné de la solution à deux Etats". "Le gouvernement de Donald Trump n'a pas éclairci sa position. Est-il favorable à un Etat ou deux Etats?", a-t-il demandé.
L'administration Trump affirme travailler sur un plan de paix pour le Proche-Orient mais ce dernier semble toujours dans les limbes. "Ils sont en pleines discussions internes", explique un diplomate, qui doute que Washington sache déjà où en venir.
Jared Kushner, gendre de Donald Trump et au rôle d'intermédiaire au Moyen-Orient, et Jason Greenblatt, envoyé spécial pour la région du président américain, étaient présents à la réunion du Conseil de sécurité. Tous deux ont rencontré ensuite informellement les 15 ambassadeurs du Conseil.
Leur présence à l'ONU était "un signal d'engagement dans le processus de paix et de respect pour le rôle du Conseil de sécurité", a indiqué à l'AFP l'ambassadeur français, François Delattre, se félicitant d'un "élément positif".
Le "compromis" envisagé par l'administration américaine contient "beaucoup de potentiel" pour améliorer la vie des Palestiniens, a assuré Nikki Haley au Conseil de sécurité, sans élaborer ni dire quand il pourrait être présenté.
Devant le Conseil de sécurité, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a renouvelé ses mises en garde contre les colonisations et la création d'une "réalité irréversible à un Etat" au lieu de la solution de deux Etats vivant côte à côte. "Il n'y a pas de plan B", a-t-il martelé.
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