Au total, au moins 250 civils, dont près de 60 enfants, ont été tués depuis dimanche, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), dans les bombardements sur la Ghouta orientale, fief rebelle assiégé par le régime depuis 2013.
Selon l'OSDH, 17 civils ont péri dimanche, 127 lundi et 106 mardi.
Cette sanglante campagne a été entamée au début du mois par le régime du président Bachar al-Assad et semble annoncer un assaut terrestre contre le dernier fief rebelle proche de la capitale, en proie à une grave crise humanitaire.
L'aviation de la Russie, qui soutient Damas, a bombardé mardi la Ghouta orientale pour la première fois depuis trois mois, touchant notamment un des principaux hôpitaux de la région, à Arbine, désormais hors service.
L'Unicef a exprimé sa colère: "Aucun mot ne rendra justice aux enfants tués, à leurs mères, leurs pères, et à ceux qui leur sont chers".
L'opposition syrienne en exil a dénoncé "une guerre d'extermination".
Les bombardements de civils "doivent cesser maintenant", a déclaré le coordinateur de l'ONU pour l'aide humanitaire en Syrie, Panos Moumtzis, tirant le signal d'alarme pour les quelque 400.000 personnes prises au piège dans l'enclave rebelle, dernier fief de l'opposition près de la capitale syrienne.
Le chef de la diplomatie française, Jean-Yves le Drian, a dit craindre "un cataclysme humanitaire" en Syrie et a annoncé qu'il se rendrait à Moscou et à Téhéran, les deux principaux appuis du président Assad.
Le département d'Etat américain s'est dit "extrêmement préoccupé" par la situation dans la Ghouta orientale et a dénoncé dénonçant les "tactiques" du régime consistant à "assiéger et affamer".
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, "est profondément inquiet devant la situation qui s'aggrave dans la Ghouta orientale et son impact dévastateur sur les civils", a déclaré son porte-parole.
M. Guterres a appelé toutes les parties à respecter les principes fondamentaux du droit humanitaire, notamment sur la protection des civils pendant les conflits.
Hôpitaux hors service
Des centaines de blessés ont afflué mardi dans les hôpitaux de fortune de la Ghouta orientale, ont constaté des correspondants de l'AFP.
Les lits manquent et les blessés sont soignés à même le sol tandis que les salles d'opération tournent à plein régime.
"Nous avons reçu un enfant d'un an, le corps tout bleu, le cœur battant à peine. Au moment où je lui ouvrais la bouche pour introduire un tube respiratoire, j'ai découvert qu'elle était remplie de sable. Il avait été récupéré sous les décombres", a raconté à l'AFP le docteur Abou Al-Yousr de l'hôpital d'Arbine, mis plus tard hors service par deux bombardements russes selon l'OSDH.
"J'ai alors rapidement dégagé le sable de sa bouche mais celui-ci avait atteint les poumons. Nous les avons alors nettoyés et il s'est mis de nouveau à respirer", a expliqué ce médecin après avoir sauvé l'enfant. "Il s'agit d'un cas parmi des centaines", selon lui.
Outre celui d'Arbine, six autres hôpitaux ont été visés par les bombardements au cours des dernières 48 heures, dont trois sont désormais hors service, selon l'ONU.
Selon le quotidien Al-Watan, proche du régime syrien, ces frappes "sont un prélude à une opération d'envergure (terrestre), laquelle peut commencer à tout moment".
'Tirs d'avertissement'
La coalition de l'opposition a accusé la Russie de chercher "à enterrer le processus politique" en vue d'une solution au conflit, qui a fait plus de 340.000 morts depuis mars 2011.
Après avoir d'abord opposé les rebelles au régime, la guerre en Syrie s'est complexifiée avec l'implication de groupes jihadistes et de puissances étrangères.
Dans la région d'Afrine (nord-ouest de la Syrie), l'armée turque a tiré mardi sur des forces du régime syrien venues prêter main forte à la milice kurde syrienne que la Turquie veut déloger de ce secteur proche de sa frontière.
Cette milice, les Unités de protection du peuple kurde (YPG), a indiqué dans un communiqué que les "unités militaires" envoyées par le régime devaient "prendre position à la frontière et participer à la défense de l'unité territoriale de la Syrie et de ses frontières".
L'agence Sana a assuré que "les forces turques avaient ciblé les positions (des forces prorégime) dès leur arrivée dans la région d'Afrine".
A Ankara, les médias étatiques ont fait état de simples "tirs d'avertissement".
Des forces prorégime "ont tenté de se diriger vers Afrine (...) mais après des tirs d'artillerie, ils ont été contraints de reculer. Ce dossier est clos pour le moment", a déclaré le président turc Recep Tayyip Erdogan.
stre-bur-bek/bpe/plh
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