Au moins 77 civils, dont 20 enfants, ont été tués lundi dans les bombardements intensifs du régime syrien sur cette enclave rebelle proche de Damas, a annoncé cette ONG, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Quelque 300 personnes ont également été blessées dans les bombardements de l'artillerie et de l'aviation, au lendemain d'un renforcement des positions du régime autour de l'enclave assiégée qui laisse entrevoir une offensive terrestre.
Les raids aériens et le pilonnage de l'artillerie continuent sur plusieurs villes de cette région assiégée depuis 2013 par le régime du président Bachar al-Assad et en proie à des pénuries, selon des correspondants de l'AFP.
La coalition nationale syrienne basée en Turquie, principale formation de l'opposition en exil, a dénoncé dans un communiqué une "guerre d'extermination" et "le silence international" face aux "crimes" du pouvoir.
Les bombardements de civils "doivent cesser maintenant", a déclaré le coordinateur de l'ONU pour l'aide humanitaire en Syrie, Panos Moumtzis. "La situation humanitaire des civils dans la Ghouta orientale est totalement hors de contrôle. Il est impératif de mettre fin immédiatement à cette souffrance humaine insensée", a dit M. Moumtzis dans un communiqué.
"La récente escalade de la violence aggrave une situation humanitaire déjà précaire pour les 393.000 habitants de la Ghouta orientale, dont beaucoup sont des personnes déplacées", a souligné M. Moumtzis.
Selon le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane, "le régime bombarde intensément la Ghouta orientale en vue d'une offensive terrestre" et après avoir massé des renforts autour de la zone.
Dimanche, le régime avait tiré des centaines de roquettes sur la région, tuant 17 civils. Lundi, les frappes aériennes ont semé mort et désolation dans plusieurs localités.
Dans une morgue improvisée de la ville de Douma, un homme effondré, Nidal, pleurait près du corps sans vie de sa fille Farah.
Dans les hôpitaux de fortune, des parents cherchaient désespérément leurs enfants, morts ou vivants. Un homme éclatait en sanglots en découvrant la dépouille de son nouveau-né posée sur une couverture, à côté d'une flaque de sang.
'Dieu et les sous-sols'
A Hammouriyé, les civils paniqués cherchent à s'abriter des frappes. "Nous n'avons plus que la miséricorde de Dieu et nos sous-sols où nous nous cachons", a déclaré à l'AFP un habitant. "Nous n'avons aucune alternative".
Le 5 février, l'armée avait déclenché une campagne aérienne de cinq jours d'une intensité inédite sur la Ghouta, faisant environ 250 morts parmi les civils et des centaines de blessés.
Deux groupes rebelles islamistes contrôlent la majorité de la Ghouta orientale, mais des jihadistes du groupe Hayat Tahrir al-Cham sont également présents dans quelques poches, dont l'une adjacente à Damas.
Des pourparlers sont en cours pour évacuer ces jihadistes, selon l'OSDH et le quotidien syrien Al-Watan.
Dans son communiqué, la coalition de l'opposition a accusé la Russie, alliée du régime, de chercher "à enterrer le processus politique" en vue d'une solution au conflit qui a fait depuis le 15 mars 2011 plus de 340.000 morts.
- Forces prorégime à Afrine ? -
Le régime veut reprendre la Ghouta orientale pour mettre fin aux tirs de roquettes des rebelles sur la capitale. Six roquettes se sont abattues sur Damas dimanche soir faisant un mort, selon les médias officiels.
Depuis le 5 février, plus de 20 civils ont péri dans des bombardements rebelles sur Damas. Lundi, des habitants de quartiers proches des zones rebelles se préparaient à quitter leur foyer par peur de nouveaux tirs de roquettes en cas d'un assaut de l'armée.
Jawad al-Obros, qui habite avec sa mère, son père et sa sœur à Qassaa, un quartier jouxtant l'un des principaux fronts entre régime et rebelles, a commencé à se renseigner sur les prix d'hôtels à Yaafour, dans l'ouest de la capitale.
"Nous sommes fatigués, il semble qu'il n'y ait de solution que celle d'une offensive militaire finale", a-t-il déclaré à l'AFP.
Après avoir opposé les rebelles au régime, la guerre en Syrie s'est complexifiée avec l'implication de groupes jihadistes et de puissances régionales et internationales.
A Afrine, dans le nord-ouest, la Turquie mène depuis le 20 janvier une offensive contre une milice kurde syrienne, les Unités de protection du peuple (YPG), qu'elle considère comme "terroriste".
Le régime syrien devait commencer à déployer des troupes dans cette enclave kurde devenue de facto semi-autonome, en soutien aux Kurdes. Selon l'agence officielle syrienne Sana, les forces prorégime "rejoindront la résistance contre l'agression turque".
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