Papadakis et Cizeron patinent pour la première fois de leur carrière sur la glace olympique quand, dès les premières secondes de leur danse courte, le tour du cou qui retient, avec deux fines bretelles, le top à franges vertes et jaunes de la patineuse se détache.
"Mon pire cauchemar est arrivé aux Jeux olympiques. Ça m'a beaucoup déconcentrée", a regretté Papadakis, des larmes au coin des yeux, mais qui n'a évité ni le passage en zone mixte, ni celui en conférence de presse.
"C'est arrivé dans les premières secondes du programme, je me suis dit que je n'avais pas le choix, qu'il fallait continuer. C'est ce qu'on a fait. On peut être fier de nous parce qu'on a été capable de faire une super performance malgré ce qui est arrivé", a-t-elle raconté, le visage marqué.
"C'était dans notre esprit pendant tout le programme, c'est sur le twizzle (série de pas tournants, ndlr) que ça nous a le plus affectés, parce que quand vous tournez, c'est dur de garder votre robe alors qu'elle ne tient plus", a ajouté Cizeron.
'Nerfs d'acier'
Impossible cependant pour les doubles champions du monde (2015 et 2016) et quadruples champion d'Europe en titre d'interrompre leur prestation. Une telle décision leur aurait coûté cinq points : rédhibitoire dans la course à l'or olympique face aux Canadiens Tessa Virtue et Scott Moir, leurs rivaux N.1 et partenaires d'entraînement à Montréal.
Papadakis avait pourtant pris la peine, comme elle en a l'habitude à chaque fois qu'elle porte ce costume depuis le début de l'hiver, de renforcer les crochets qui ferment le haut de sa tenue en la cousant de quelques points par sécurité. Mais elle n'a pu éviter que l'incident laisse apparaître en partie sa poitrine.
Malgré tout, le duo clermontois a gardé le cap.
"Je ne connais aucune autre fille qui aurait été capable de finir la performance de cette façon même avec le haut complètement défait. Elle a des nerfs d'acier, admire Marie-France Dubreuil, qui forme avec Romain Haguenauer et Patrice Lauzon le trio d'entraîneurs des Français au Québec. Guillaume a essayé de lui remonter pour qu'ils puissent continuer, ils ont fait un travail d'équipe incroyable."
Capables de remonter l'écart
"Elle est toujours sous le choc, mais c'est incroyable que sous pression et avec ce qui s'est passé, ça n'ait pas plus affecté leur programme", insiste Lauzon.
Si bien que les espoirs des danseurs français de monter sur la plus haute marche du podium ne se sont pas envolés. Crédités de 81,93 points, Papadakis et Cizeron comptent 1,74 point de retard sur Virtue et Moir, auteurs d'un excellent programme court récompensé par un record du monde (83,67 points, contre 82,68). Un écart pas insurmontable.
"Malgré cet aléa-là, ils ne sont qu'à quelques centièmes de leur meilleur score de la saison" en danse courte (82,07, en finale du Grand Prix début décembre), souligne Haguenauer.
"Si Gabriella et Guillaume n'avaient pas eu ce souci, ça se serait joué à peu près dans le même dixième de point" avec les Canadiens, estime-t-il. "Là, il y a un point et demi, ça se justifie, c'est malheureux mais ça se remonte. Ils sont capables de le faire."
"Ils sont assez forts dans leur corps et leur tête pour tirer un trait sur ce qui s'est passé et se concentrer sur leur performance", assure Dubreuil.
Réponse dans moins de vingt-quatre heures à l'issue de la danse libre.
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