Il s'agit du dernier épisode en date dans la guerre des mots que se livre Jérusalem et Varsovie depuis l'adoption par le Parlement polonais d'une loi interdisant l'utilisation de l'expression "camps de la mort polonais" et punissant de trois ans de prison toute personne accusant l'Etat polonais de participation aux crimes nazis.
Les déclarations de dimanche interviennent au lendemain de propos controversés du Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki en marge d'une conférence sur la sécurité à Munich.
Un journaliste israélien lui a demandé s'il serait puni en Pologne s'il racontait l'histoire de membres de sa famille déportés après avoir été dénoncés à la Gestapo par leurs voisins polonais durant la Seconde Guerre mondiale.
"Ce ne sera pas puni, ce ne sera pas considéré comme criminel que de dire qu'il y avait des auteurs polonais (du génocide juif), tout comme il y avait des auteurs juifs, des auteurs ukrainiens ou allemands", a répondu M. Morawiecki.
M. Netanyahu a réagi le jour même, jugeant les propos de son homologue "scandaleux". "Il y a un problème lié à une incapacité de comprendre l'histoire et un manque de sensibilité face à la tragédie de notre peuple", avait-il affirmé.
Des accusations rejetées dimanche par la Pologne.
"La voix du Premier ministre Mateusz Morawiecki n'avait nullement pour but de nier l'Holocauste ni d'attribuer aux Victimes Juives (orthographe de l'original) la moindre responsabilité dans le génocide allemand", a écrit dans un communiqué sa porte-parole Joanna Kopcinska.
Graffitis
M. Morawiecki "s'est à maintes reprises et résolument opposé à la négation de l'inimaginable génocide que fut l'Holocauste des Juifs européens, tout comme il s'est opposé à toute forme d'antisémitisme", selon sa porte-parole.
Ses paroles doivent "être interprétées comme un appel à un franc débat sur les crimes commis contre les Juifs, mené conformément aux faits et sans égard à la nationalité de celui qui, dans un cas donné, les a commis, y a pris part ou les a rendus possibles", a-t-elle précisé.
"Chaque cas doit être examiné individuellement et aucun acte particulier de malveillance ne peut faire retomber la responsabilité sur toute une nation vaincue et réduite à l'esclavage", a ajouté la porte-parole.
M. Netanyahu, qui s'est entretenu dimanche au téléphone avec Mateusz Morawiecki, a affirmé qu'il n'y avait "pas lieu de comparer les actes des Polonais et des juifs durant la Shoah", selon un communiqué de son bureau.
Il a dit à son homologue polonais que "le but de la Shoah était de détruire le peuple juif" et que "chaque juif était condamné à mort" à cause de son identité, selon ce communiqué.
Aux yeux des conservateurs au pouvoir en Pologne, la loi signée début février par le président polonais vise à empêcher l'utilisation de l'expression "camps de la mort polonais" à propos de ceux installés par l'Allemagne nazie en Pologne occupée.
Mais les responsables israéliens, toutes tendances confondues, y voient une tentative de nier la participation de certains Polonais à l'extermination des juifs.
La police israélienne a par ailleurs annoncé dimanche avoir ouvert une enquête après la découverte de graffitis à l'entrée de l'ambassade polonaise à Tel-Aviv.
Selon des photos envoyées par la police, on voit des croix gammées et des slogans comparant la Pologne au régime nazi.
En réaction, le ministère polonais des Affaires étrangères a demandé aux autorités israéliennes "des explications pour un incident à l'ambassade polonaise à Tel Aviv".
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