Le territoire palestinien coincé entre Israël, l'Egypte et la Méditerranée, et dirigé par le mouvement islamiste palestinien Hamas a été le théâtre de l'un de ses plus graves accès de tensions depuis la guerre dévastatrice de 2014, la troisième avec Israël en six ans.
Constamment présente dans les esprits israéliens et palestiniens, la vision d'un nouveau choc des armes a été réactivée quand quatre soldats israéliens ont été blessés samedi, dont deux gravement, dans l'explosion d'un engin piégé le long de la barrière israélienne qui ferme hermétiquement la langue de terre entre Israël et Gaza.
L'armée israélienne a déclenché de vigoureuses représailles. Ses jets et ses tanks positionnés en territoire israélien ont frappé au total 18 cibles du Hamas, a-t-elle indiqué. Deux Palestiniens ont été blessés dans les raids, selon des sources palestiniennes.
Une roquette tirée de la bande de Gaza a frappé une maison israélienne près de Sdérot, à l'extérieur de l'enclave palestinienne. Plusieurs personnes ont été traitées en état de choc.
Avant l'aube, deux Palestiniens ont été tués par des tirs israéliens près de Rafah dans le sud de la bande de Gaza, tout près de la frontière égyptienne, ont indiqué les secours palestiniens et des témoins.
'Acte héroïque'
L'armée israélienne a rapporté, sans plus de précision, avoir procédé à des tirs de semonce en direction d'un groupe qui s'approchait de "manière suspecte" de la barrière de sécurité, possible indication d'un durcissement des consignes à proximité de la frontière après l'attaque anti-israélienne de samedi.
Les quatre soldats touchés ont été piégés par un engin apparemment dissimulé auprès d'un drapeau qui a attiré leur attention. L'armée pense que des Palestiniens ont tendu ce guet-apens en profitant des manifestations qui ont lieu tous les vendredis près de la barrière.
C'est le coup le plus sévère essuyé par l'armée depuis 2014. Des dizaines de Palestiniens ont été tués lors de manifestations près de la frontière ou dans des frappes israéliennes depuis cette date.
Le porte-parole de l'armée, le général Ronen Manelis, a affirmé que l'attaque contre les soldats "pouvait potentiellement déstabiliser la région".
Un groupe nébuleux mais connu, les Comités de résistance populaire, ont revendiqué cet "acte héroïque", comme la réponse aux agissements israéliens et un "important message" de résistance.
Les Comités, fondés en septembre 2000, sont une organisation armée radicale regroupant des éléments de différents groupes nationalistes comme islamistes, ayant participé à l'enlèvement en 2006 du soldat israélien Gilad Shalit, libéré en 2011.
L'armée a répété tenir le Hamas pour responsable de tout ce qui se passe "dans et sous" la bande de Gaza, une référence aux tunnels souterrains creusés par les Palestiniens pour se soustraire au blocus ou porter la menace militaire en Israël.
Risque d'explosion
Israël et le Hamas, bête noire de l'Etat hébreu, ainsi que les groupés armés palestiniens à Gaza observent un cessez-le-feu tendu depuis la guerre de 2014, qui a fait 2.251 morts côté palestinien, en grande majorité des civils, et 74 morts côté israélien, quasiment tous des soldats.
La trêve est régulièrement ébranlée par des actes hostiles, des tirs de roquettes et des ripostes israéliennes, maintenant constamment les deux camps à la merci d'une escalade.
La volatilité est encore accrue par la situation humanitaire et économique dans l'enclave palestinienne et les pressions sur le Hamas. L'envoyé spécial de l'ONU au Proche-Orient, Nickolay Mladenov, s'inquiète régulièrement du risque d'une nouvelle explosion.
Les mises en garde se multiplient devant la détérioration des conditions dans l'enclave, éprouvée par les guerres, la pauvreté, le chômage, les blocus israélien et égyptien et les pénuries d'électricité, d'eau et de médicaments.
Un accord de réconciliation conclu en octobre entre mouvements palestiniens avait suscité l'espoir prudent d'une amélioration, mais il a périclité.
L'administration du président américain Donald Trump a annoncé en janvier suspendre des dizaines de millions de dollars d'aide à l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens, un acteur primordial dans Gaza où plus des deux tiers de la population dépendent de l'aide étrangère.
La menace sociale, l'isolement du Hamas et la concurrence d'autres groupes, y compris salafistes, entretiennent la crainte d'une nouvelle conflagration.
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