L'AFP a interrogé cinq citoyens britanniques dans leur pays, et cinq autres installés ailleurs en Europe, ainsi que cinq expatriés européens au Royaume-Uni. Selon leurs situations personnelles et leurs opinions politiques, ils soutiennent ou regrettent le vote du Brexit. Et quand certains craignent de devoir vendre leur entreprise, d'autres sollicitent avec enthousiasme une nouvelle nationalité.
A Madrid, Matt Davies, un Britannique de 32 ans, a du mal à imaginer son avenir. "Les personnes de mon âge commencent à s'installer, à faire des plans à long terme", explique-t-il.
"Mais c'est difficile pour moi, je ne peux pas me projeter au-delà du 29 mars 2019, je ne sais pas ce qui va se passer après cette date".
Dans son pays natal, l'importante communauté polonaise se pose elle aussi des questions sur son futur. "Le Brexit affecte tous les aspects de notre vie", affirme Gosia Prochal, journaliste polonaise installée à Peterborough (centre de l'Angleterre). Elle s'interroge sur "la procédure à suivre pour obtenir le statut de résident permanent".
En Irlande du Nord, William Lynch, 63 ans, gère une exploitation ostréicole. Il exporte la plupart de ses huîtres vers la France, et réfléchit à déménager son entreprise quelques kilomètres plus loin, en République d'Irlande, si le Brexit aboutit à la mise en place de barrières douanières.
"Je ne peux pas me permettre d'attendre la dernière minute pour le faire", explique ce pompier reconverti.
Déménager ou changer de nationalité ?
A l'inverse, Pip Simpson, un éleveur de moutons de la région de Cumbria, au nord de l'Angleterre, se dit favorable au Brexit. Il accuse Bruxelles de rendre les négociations "aussi compliquées que possible" pour éviter que d'autres pays imitent le Royaume-Uni.
Il sait qu'il perdra les subventions européennes, alors il se prépare à changer d'activité, et à ouvrir des chambres d'hôtes.
A 41 ans, Andrew Ketley a lui aussi changé de vie. Ce consultant britannique a déménagé à Munich, en Allemagne, en février 2017. "Nous n'avions pas envie de vivre dans un pays qui se déchire", soupire-t-il.
En Pologne voisine, Barnaby Harward, qui vit à Varsovie depuis 2005, a cessé d'envisager un retour au Royaume-Uni et demandé la nationalité polonaise.
"Toute cette histoire m'a découragé, ça m'a fait sentir que mon pays n'était plus ce qu'il était", déplore-t-il.
Comme lui, Emily Macintosh a fait une demande de naturalisation. A 30 ans, cette Britannique travaille pour le Bureau européen de l'environnement, à Bruxelles. Elle veut pouvoir "rester une citoyenne européenne".
"Je me sens écossaise, britannique, européenne, et j'espère devenir belge bientôt", sourit-elle.
D'autres immigrés européens font les mêmes démarches, mais de l'autre côté de la Manche. Âgée de 32 ans, Gabriel Szomoru vit au Royaume-Uni depuis qu'elle est majeure, après avoir grandi en Roumanie. Elle sollicite la nationalité britannique. "Je me sens chez moi ici désormais", jure la jeune femme, qui a obtenu son diplôme de comptable en Angleterre et travaille dans la région du Kent.
'Sentiment d'être européen'
Dans le milieu des affaires, c'est l'incertitude juridique engendrée par le Brexit qui est brocardée.
"Il est important de conclure un accord avec l'UE, et assez rapidement, de manière a donner de la visibilité aux entreprises", s'impatiente Richard Stone, directeur d'une société d'investissement à la bourse de Londres.
"Je suis un peu déçu de voir que ça prend autant de temps. Je reste optimiste, nous aurons un accord mais c'est vraiment un processus pénible", regrette celui qui a voté en faveur du Brexit.
Depuis le référendum, son entreprise, qui opère exclusivement en livres sterling, a été épargnée par les aléas des taux de change. Ce n'est pas le cas de Laurent Faure, un marchand de vin français propriétaire d'un bistrot à Londres.
A cause de la baisse de la livre, il a été obligé de rogner sur ses marges. "Si le chiffre d'affaires réalisé ne permet pas de couvrir les charges, il faudra arrêter", se désole-t-il. Il reconnaît qu'il pourrait être amené à quitter l'Angleterre, "en dernier recours".
Professeur au Royal College of Music de Londres, Dimitri Scarlato, un chef d'orchestre italien de 40 ans, tente de voir le bon côté des choses malgré ses inquiétudes sur son avenir.
"Le seul bon point dans cette histoire, c'est que ça m'a vraiment donné le sentiment d'être européen".
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